BFMTV
Gouvernement

Vincent Jeanbrun, nouveau ministre du Logement, toujours visé par une enquête sur l'attribution de logements

Vincent Jeanbrun à L'Haÿ-les-Roses, dans le Val-de-Marne, le 11 octobre 2025

Vincent Jeanbrun à L'Haÿ-les-Roses, dans le Val-de-Marne, le 11 octobre 2025 - Martin LELIEVRE © 2019 AFP

Une enquête préliminaire liée à l'attribution de logements a été ouverte en 2024 contre Vincent Jeanbrun. Les investigations sont toujours en cours alors que l'ancien maire de L'Haÿ-les-Roses a été nommé ministre du Logement, ce dimanche 12 octobre.

Une nomination qui interroge. Vincent Jeanbrun, député (LR) du Val-de-Marne et ancien maire de L'Haÿ-les-Roses, est devenu ministre de la Ville et du Logement du second gouvernement de Sébastien Lecornu, ce dimanche 12 octobre.

L'élu est pourtant visé par une enquête préliminaire, ouverte en 2024, pour "prise illégale d'intérêt" et "soustraction ou détournement de biens d'un dépôt public".

Celle-ci a été ouverte le 2 septembre 2024 par le parquet de Créteil. L'édile devenu ministre est soupçonné d'avoir attribué de fastueux logements de fonctions à des loyers généreux, à deux proches collaborateurs, son directeur de cabinet et son chef de cabinet à la ville. Il s'agit de deux maisons de 150 m² avec un loyer de 750 € par mois. Un signalement a été effectué par l'association Anticor.

Le parquet de Créteil confirme auprès de BFMTV, ce lundi 13 octobre, que l'enquête est "toujours au sein du même service d’enquête", la Brigade financière et anti-corruption (BFAC).

Selon le parquet de Créteil, l'enquête est plus largement ouverte pour prise illégale d’intérêts par un élu dans une affaire dont il assure l’administration ou la surveillance, recel de bien provenant de prise illégale d’intérêts par un élu dans une affaire qu’il administre ou surveille, concussion par dépositaire de l’autorité publique : exonération indue de droit, impôt ou taxe, recel de bien provenant de concussion par exonération de droit, impôt ou taxe par dépositaire de l’autorité publique et soustraction, détournement ou destruction de biens d’un dépôt public par le dépositaire de l’autorité publique ou l’un de ses subordonnés.

"Ceci n'est pas une blague"

Sa nomination a suscité une levée de boucliers de membres de l'opposition. "Ceci n’est pas une blague: au logement de ce gouvernement éphémère nous aurons donc Vincent Jeanbrun. Visé actuellement par une enquête pour prise illégale d’intérêt sur l’attribution de logements…", a écrit, sur X, le député (LFI) François Piquemal.

Pour l'Insoumis Bastien Lachaud, député de Seine-Saint-Denis, "Vincent Jeanbrun, nouveau ministre du logement, n’est rien d’autre qu’un idéologue avec une matraque". "Les Français n’ont rien à attendre ni à espérer de lui", a, pour sa part, déploré le député (RN) Frederic Falcon.

Des propositions contestées

Auteur de propositions contestées pour les quartiers populaires, le nouveau ministre de la Ville et du Logement Vincent Jeanbrun est également loin de faire l'unanimité au sein du secteur, qui l'exhorte à agir vite face à la crise du logement.

En juin, il avait présenté un "plan banlieues", avec une vingtaine de propositions, dont des mesures sécuritaires pour lutter contre la délinquance. Il appelait en outre à mettre fin au "logement social à vie".

Vincent Jeanbrun y reprenait notamment des idées de l'ancien ministre du Logement Guillaume Kasbarian: exclure les familles de délinquants du parc social, interdire le paiement des loyers en liquide, plafonner à 30% la part de logements sociaux par commune ou encore fixer une date limite de vente au privé des logements sociaux.

"Des fausses bonnes idées qui démontrent une méconnaissance des besoins du logement social", selon Inaki Echaniz, député PS des Pyrénées-Atlantiques. Et des "propositions ultra-libérales" qui aggraveraient "encore une crise du logement déjà terrible", selon Jacques Baudrier, adjoint PCF chargé du logement à la mairie de Paris, atterré par cette nomination.

La Confédération nationale du logement (CNL), association de défense des locataires présidée par l'élu lillois et communiste Eddie Jacquemart, prend cette nomination comme "une provocation pour tout le secteur". La branche du Val-de-Marne de la CNL ajoute que ses "orientations passées laissent craindre la poursuite d'une politique au service des investisseurs plutôt que des locataires et des familles modestes".

Arthus Vaillant et Paul Conge