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Ségolène Royal, ou l'art de mettre les pieds dans le plat

Ségolène Royal le 2 décembre 2014 à Lyon.

Ségolène Royal le 2 décembre 2014 à Lyon. - Philippe Desmazes - AFP

La ministre de l'Ecologie Ségolène Royal trouve "ridicule" l'interdiction des feux de cheminée en Ile-de-France, et promet de la "faire changer". Une intervention inattendue de plus de la ministre, qui risque de se faire recadrer.

Ségolène Royal a surpris tout le monde, mardi, en affirmant vouloir revenir sur l'arrêté préfectoral interdisant les feux de cheminée en Ile-de-France. Une interdiction qu'elle qualifie de "ridicule" et "excessive", et qui a fait dire à la ministre de l'Ecologie: "je vais faire changer cette décision qui ne va pas dans le bon sens".

Mettre les pieds dans le plat, une spécialité de Ségolène Royal? La ministre est une habituée de ce genre d'interventions, au niveau national comme local.

Recadrages de Matignon

Ancienne présidente de Poitou-Charentes, elle n'a pas renoncé à s'immiscer dans des projets de son ancienne région. Lundi, on a ainsi appris l'existence d'une lettre écrite en novembre à la préfète de Charente-Maritime, explique La Nouvelle République. Objet du courrier: lui demander de faire barrage au projet de siège unique du Crédit agricole à La Rochelle, entraînant la fermeture du site de Niort. Un projet controversé depuis deux ans, mais qui semblait se diriger vers son épilogue, comme le remarque le quotidien local. Le courrier de l'ancienne présidente de Poitou-Charentes, bien que salué par l'opposition, a créé la surprise.

La ministre semble n'avoir pas de problème à s'illustrer publiquement en donnant son avis sans ambages, quitte à se faire recadrer ensuite. Autre sortie remarquée: les autoroutes, au mois d'octobre. Quelques jours après l'abandon de l'écotaxe, Ségolène Royal avait ainsi proposé la gratuité des autoroutes le week-end. Les professionnels s'étaient élevés contre la proposition, et quelques heures plus tard, Matignon avait dû intervenir. L'entourage du Premier ministre avait ainsi estimé "difficilement envisageable" la proposition de sa ministre.

"C'est ma liberté"

En août dernier, déjà, Ségolène Royal s'était attaquée au sujet épineux de l'autoroute A381, en se disant pour la suppression du projet reliant Fontenay-le-Comte en Vendée à Rochefort, en Charente-Maritime. "Une question de bon sens", avait-elle dit à l'époque. L'autoroute devait traverser le marais de Poitevin: la ministre s'y était opposée pour des raisons écologiques. Les parlementaires et élus de gauche et de droite de Vendée, Charente Maritime et Pays-de-la-Loire avaient eux dénoncé une décision "inacceptable", découverte "dans la presse". Une fois de plus, Matignon avait dû intervenir pour recadrer sa ministre.

Sa liberté de parole, Ségolène Royal n'a pas l'intention d'y renoncer, que ce soit pour critiquer des projets, ou même ses collègues ministres. En mai dernier, après une interview au vitriol sur les membres du gouvernement dans les colonnes de Paris-Match, elle avait démenti les propos qui lui étaient prêtés, tout en avertissant: "ceux qui veulent me museler se trompent. Oui, je parle. C'est ma liberté, et je la garderai quoi qu'il arrive". Manuel Valls, à l'époque fraîchement nommé Premier ministre, n'avait pas voulu la rappeler à l'ordre. Mais sur BFMTV, il avait expliqué qu'au sein du gouvernement, "personne n'est à part et personne n'a une liberté de parole en dehors de la collégialité du gouvernement. Nous devons être exemplaires."

https://twitter.com/ariane_k Ariane Kujawski Journaliste BFMTV