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"Rien ne justifie le racisme": Rachida Dati répond aux insoumis sur la polémique liée à l'humoriste Merwane Benlazar

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Rachida Dati était interrogée à l'Assemblée nationale ce mardi par la députée LFI Farida Amrani qui lui demandait d'"admettre" que l'humoriste Merwane Benlazar a été victime d'une "censure islamophobe". La ministre a affirmé que "rien ne justifie l'essentialisation systématique" et critiqué une partie de la réaction de l'humoriste.

La ministre de la Culture, Rachida Dati, est revenue ce mardi 11 février sur la polémique visant l'humoriste Merwane Benlazar. Son passage dans l'émission C à vous sur France 5 le 31 janvier a suscité de vives critiques sur le réseau social X, entre insultes racistes et accusations d'islamisme.

Une partie visait son apparence physique, longue barbe, petit bonnet et pull ample. Interrogée sur Europe 1, l'avocate Lara Fatimi y a vu "des signes vestimentaires qui ont tout d'une tenue salafiste". Merwane Benlazar a répondu sur son réseau social Instagram en ironisant sur une photo de son bonnet: "De la marque islamiste Zara, fabriqué en République islamique du Portugal. Glaçant."

D'autres critiques portaient sur d'anciens messages de l'humoriste exhumés sur X, qu'il dit être humoristiques et sortis de leur contexte. "La place d'une femme est à la demeure auprès de son père. Crains ton seigneur. Blâme pas le frère de chez UPS", écrivait-il notamment en 2021. Il a depuis expliqué qu'il s'agissait d'une réponse au second degré à une femme qui disait avoir raté le passage d'un livreur chez elle. Celle à qui le message était adressé a elle-même assuré que ce tweet était "ironique".

"Au nom de toutes les femmes, de leur liberté, de leurs droits chèrement gagnés ici et bafoués par les islamistes partout à travers le monde, une seule question: pourquoi?", a réagi la députée européenne Nathalie Loiseau (Horizons), lundi 3 février sur X, dans un message surmontant la photo de Merwane Benlazar.

Des messages "choquants" pour Rachida Dati

Rachida Dati était interrogée à l'Assemblée nationale ce mardi par la députée LFI Farida Amrani, qui a jugé que le "seul tort" de l'humoriste est d'être "d'apparence arabo-musulmane" et que "le message envoyé à une partie de nos compatriotes est désastreux" après sa mise à l'écart de l'antenne. La députée demandait à la ministre de la Culture d'"admettre que cette éviction relève d'une censure islamophobe".

Rachida Dati a d'abord souligné que les propos tenus par Merwane Benlazar sur les réseaux sociaux "ne sont pas qualifiables pénalement" et qu'il n'a jamais été condamné par la justice, même si elle juge les messages "choquants".

"Je veux redire la liberté de recrutement et de choix des animateurs et des journalistes" qui revient à "l'antenne et la production", a-t-elle poursuivi. La semaine précédente, Rachida Dati avait affirmé que face aux messages retrouvés de l'humoriste, "France Télévisions en a tiré les conséquences et il ne sera plus à l'écran".

Rachida Dati critique la réaction de Merwane Benlazar

Sollicité par l'AFP, le groupe Mediawan, qui produit l'émission, a précisé la semaine dernière que sa participation n'était de toute façon prévue que pour un seul numéro. "Il était remplaçant 'one shot' (pour une seule fois, NDLR), il n'y a pas lieu de revenir ou pas", a déclaré Mediawan à l'AFP.

Merwane Benlazar "a été choisi par la société de production (...) en l'absence de son humoriste habituel (Bertrand Chameroy) et de son remplaçant (Pierre-Antoine Damecour)", avait fait valoir France Télévisions. La chronique "n'a occasionné aucun manquement à ses obligations de la part de France Télévisions", avait insisté le groupe public.

Dans un extrait d'une représentation publié samedi sur Instagram, Merwane Benlazar a dit avoir reçu une "vague de haine" après son passage sur France 5, avec "entre 10 et 15" insultes par minute. Devant l'Assemblée nationale, Rachida Dati a affirmé que "rien ne justifie une déferlante de haine, rien ne justifie le racisme, rien ne justifie l'essentialisation systématique".

"Il faudrait aussi que l'humoriste arrête de dire qu'il a été viré par une Arabe", a fustigé la ministre.

Lors de sa représentation, Merwane Benlazar a en effet ironisé sur l'intervention de Rachida Dati affirmant qu'il avait été écarté de l'antenne. "Hier, on lisait mes tweets au Sénat et j’ai été viré de mon poste de chroniqueur à la télévision par Rachida Dati, c’est beaucoup d’informations. Je savais que j’allais être viré un jour, par une Arabe, c’est chiant, mais je savais que j'allais être viré un jour", a-t-il dit.

Sophie Cazaux