Matignon verrouille la com' des ministres

Les ministres devront désormais soumettre à Matignon, pour validation, toute demande d'interview, selon une lettre d'un conseiller de Jean-Marc Ayrault, révélée mercredi par "Libération".

Les prises de paroles intempestives des membres du gouvernement c'est fini. Désormais, les ministres doivent soumettre à Matignon, pour validation, toute demande d'interview. La note en question, rédigée par les services de Jean-Marc Ayrault, a été dévoilée mercredi par Libération. Le matin même lors du Conseil des ministres, François Hollande puis Jean-Marc Ayrault avaient recadré les membres du gouvernement, notamment Manuel Valls et Cécile Duflot, et rappelé le devoir de "solidarité" des ministres.

L'objectif de ce courrier? Assurer une meilleure "coordination d'ensemble" et permettre "l'évaluation de la pertinence du projet" a fait savoir le conseiller presse en chef de Matignon Jérôme Batout, précisant que ce contrôle s'appliquait pour toute sollicitation que celle-ci soit le fait d'un média ou du ministère.

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Cette situation inédite sous la Ve République peine néanmoins à convaincre de sa pertinence. "C'est un outil de com'", affirme Arnaud Champremier-Trigano, directeur de l'agence Mediascop. "D'ailleurs la note a fuité dans toutes les rédactions quelques heures après sa diffusion. Elle est destinée au grand public pour montrer une reprise en mains."

Jean-Marc Ayrault aurait assuré à ses ministres que la prochaine sortie non-maîtrisée serait durement sanctionnée.

"Toujours à votre disposition pour cela"

Le passage dans un média "sera validé [...] dans la plupart des cas", assure le conseiller Jérôme Batout avant de promettre de répondre à la demande "dans un délai aussi rapide que possible". Pour les interviews de presse écrite ou les tribunes, "il n'y a pas de relecture systématique par Matignon, même si [...] le cabinet du Premier ministre sera toujours à votre disposition pour cela", assure-t-il.

"Vous imaginez Manuel Valls ou Laurent Fabius solliciter l’autorisation de Matignon pour donner une interview?", s'interroge Bastien Millot, professeur de communication politique. "C'est inapplicable et illusoire".

Note aux ministres publié par Redaction_Europe1

S.A. avec I.Sahiri et V.Deby