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Le gouvernement surprend avec une prévision optimiste de croissance

Pierre Moscovici

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Pierre Moscovici a surpris en annonçant ur BFMTV espérer une croissance "légèrement positive" au 3e trimestre.

Le ministre de l'Economie Pierre Moscovici a surpris mercredi en annonçant espérer une croissance "légèrement positive" au 3e trimestre, une vision jugée trop optimiste par les économistes alors que l'Insee prévoit un nouveau trimestre de stagnation économique.

"Je suis confiant sur la croissance française, raisonnablement", a expliqué Pierre Moscovici, interrogé par BFMTV.

"Je pense que nous pourrions avoir au troisième trimestre, je l'espère, une croissance très légèrement positive", a-t-il poursuivi, insistant : "il y a un environnement qui montre que, 'oui', ce pays a des ressources".

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Ces déclarations ont d'autant surpris que les mois de septembre et octobre ont été plutôt moroses pour l'économie française, poussant l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) à réviser à la baisse ses prévisions de croissance pour les deux derniers trimestres et l'année en cours.

Optimisme

Pour 2012, l'Insee attend désormais une hausse du produit intérieur brut de 0,2% (contre +0,4% en juin), soit un peu en deçà des +0,3% escomptés par le gouvernement pour ramener le déficit public de la France à 4,5% du PIB fin décembre.

Pour les troisième et quatrième trimestres, l'institut qui doit publier le 15 novembre sa première estimation officielle pour la période de juillet à septembre, table sur une croissance zéro contre +0,1% et +0,2% auparavant.

L'optimisme de Pierre Moscovici peut être conforté par le redressement de la consommation des ménages, un moteur de la croissance française, qui a progressé légèrement de 0,1% en septembre, et de 0,2% sur le troisième trimestre, selon les chiffres de l'Insee publiés mercredi.

>> La consommation des ménages en légère hausse

Pourtant, du côté des entreprises, la présidente du Medef Laurence Parisot s'était alarmée mi-octobre "d'un décrochage extrêmement violent" de l'économie de l'hexagone.

"Ce mois de septembre a été dans les entreprises françaises comme un mois d'août, c'est-à-dire que le téléphone n'a pas sonné, que le carnet de commandes ne s'est pas rempli", avait-elle expliqué.

"Détente des taux sur les marchés européens"

De fait, plusieurs indicateurs publiés jusqu'ici ne sont pas au beau fixe. Le nombre de chômeurs a connu en septembre sa plus forte progression depuis avril 2009, (3,057 millions de personnes) quant au moral des ménages, il continuait d'être en berne en octobre.

Le moral des industriels français était quant à lui au plus bas depuis l'été 2009.

Malgré tout, Pierre Moscovici s'est dit "confiant", voyant des signes positifs dans "la détente des taux sur les marchés européens" due à la réorientation de l'industrie européenne, dans "la croissance américaine ou britannique qui reprend", ou encore "la production manufacturière [...] qui a repris au mois de juillet".

Pour Marc Touati, du cabinet ACDEFI, cet optimisme ne paraît pas justifié. "La méthode Coué continue", assure-t-il estimant que depuis cinq trimestres, les indicateurs avancés de la croissance annoncent une baisse du PIB qui ne se confirme pas.

"On a le sentiment que toute la véracité des chiffres ne transparaît pas dans les chiffres du PIB", insiste l'expert selon lequel "la récession est là" de facto même si cela n'est pas dit formellement.

"La récession est là"

Eric Heyer, de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), tempère, relevant également "des signaux qui ne sont pas négatifs" comme le recul des prix à la consommation en septembre (à -0,3% contre +0,7% en août).

Reste que l'OFCE s'attend à un recul du PIB à -0,1%.

"Il n'y a aucun moteur de croissance qui est allumé à l'heure actuelle mais au-delà de tout ça, même s'il y avait +0,1%, ce ne serait pas suffisant", poursuit-il.

Pour Eric Heyer, le taux minimal de croissance trimestriel de la France devrait être de 0,4%, niveau clé, selon lui, pour enrayer la baisse du chômage et relancer réellement l'économie.