La Constitution fête ses 55 ans en grande pompe

La célébration du 55e anniversaire du texte fondateur de la Ve République aura lieu au Conseil constitutionnel. - -
C'est un anniversaire qui transcende les clivages politiques. "Retraités" ou en exercice, présidents et ministres s'apprêtent à célébrer ce jeudi la Constitution de la Ve République, rédigée voilà 55 ans.
Près de 200 anciens ministres, ainsi que l'actuel gouvernement au complet, participeront à cette cérémonie dans les murs du Conseil constitutionnel à la mi-journée jeudi. Les anciens présidents ont tous été conviés, mais Jacques Chirac "ne sera pas là", a indiqué Jean-Louis Debré. Nicolas Sarkozy et Valéry Giscard d'Estaing ne seront pas présents non plus, a-t-il dit sur Europe 1 jeudi.
En revanche, il est prévu que le président François Hollande prononce un discours, lui qui a vu sa première tentative de révision constitutionnelle avortée cet été.
Rédigée par Michel Debré en l'espace de trois mois, la Constitution du 4 octobre 1958 avait été taillée sur mesure pour De Gaulle. Mais les six présidents suivants se sont coulés aisément dans ce costume institutionnel, y compris son plus vif opposant, François Mitterrand.
"Un gage de stabilité" et une "efficacité redoutable"
"D'un point de vue institutionnel, ce sont Charles de Gaulle et Mitterrand les plus grands présidents", analyse le professeur de droit Didier Maus. "Mitterrand a très bien compris que la Ve République telle qu'elle a évolué était une chance absolument unique pour la gauche", explique-t-il. "Pendant cinq ans, il a eu un pouvoir total, c'est la plus grande période de stabilité de la gauche qu'on ait jamais eue", poursuit le constitutionnaliste.
Ce jeudi sonne comme "une occasion pour Jean-Louis Debré de rappeler l'importance de la constitution, du général de Gaulle, de son père" Michel Debré, souligne Didier Maus, qui relève que "55 [ans] n'est pas dans les commémorations traditionnelles". Au Conseil constitutionnel, on explique que la Constitution est désormais fêtée une fois par quinquennat.
Pour François Hollande, ce sera "l'occasion de faire un discours sur l'autorité du président", avance le constitutionnaliste Dominique Chagnollaud. Le texte est toujours loué, comme le gage de "stabilité" des institutions. "Si on a une majorité à l'Assemblée, elle est d'une efficacité redoutable", confirme Didier Maus.
Un texte fondateur... modifié 24 fois depuis sa création
"La clé de voûte présidentielle et le scrutin majoritaire sont les deux piliers du régime", rappelle Dominique Chagnollaud, qui loue à son tour sa "stabilité" - après les affres de la IVe République, regrette l'instauration du quinquennat et "instillerait" bien 10% de représentation proportionnelle. Il plaide plus pour une "réforme des comportements" que des institutions.
L'élection au suffrage universel (1962) et le quinquennat (2000) sont les deux réformes majeures en terme d'"équilibre" des institutions. Les Français "adorent" l'élection présidentielle tout en lui prêtant tous les défauts possibles, relève ainsi Didier Maus.
Plus récemment, la question prioritaire de constitutionnalité, dite QPC dans le jargon, permettant à un justiciable de poser une question constitutionnelle à l'occasion d'un procès, est de l'avis de tous un succès indéniable.
La Constitution a été modifiée 24 fois, la dernière réforme remontant à 2008. Guy Carcassonne, récemment décédé, fin connaisseur du système constitutionnel pour l'avoir enseigné et en avoir été l'un des acteurs, disait à l'occasion du 50e anniversaire, que ce texte avait d'abord apporté "une démocratie moderne".