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Gouvernement

Guaino, le cannabis et Lucette: "Je suis tranquille sur mes convictions", assure Taubira

La ministre de la Justice, Christiane Taubira, était l'invitée d'Apolline de Malherbe pour BFM Politique, ce dimanche soir. Violemment attaquée par Henri Guaino, la garde des Sceaux a répondu directement aux critiques, avant de s'exprimer sur plusieurs sujets délicats de société, comme la dépénalisation du cannabis.

C'est l'une des ministres les plus exposées du gouvernement. Et cette journée de dimanche en a apporté une nouvel exemple. Souvent attaquée par ses opposants politiques, Christiane Taubira a fait l'objet d'une nouvelle violente charge du député Henri Guaino (LR). Ce dernier, interrogé sur le plateau du "Supplément" de Canal Plus, a estimé que la Garde des Sceaux n'avait "pas un amour immodéré pour la France".

Invitée de BFM Politique ce dimanche soir, Christiane Taubira a eu l'occasion de se défendre, en déclarant qu'il y avait "quelque chose d'étrange das ces propos", dénonçant "un feuilleton d'Henri Guaino sur son affaire personnelle" contre le juge Gentil. "C'est extraordinairement étrange de poser une question au gouvernement sur une décision de justice qui le concerne" a ajouté la ministre, affirmant que c'était "une faute".

"C'est du jamais vu et c'est à lui de s'en expliquer. C'est inqualifiable, et je dis clairement que c'est une honte" a martelé Christiane Taubira. 

"Pas une parole du gouvernement n'a mis en cause la magistrature"

Depuis le début du quinquennat de François Hollande, "pas une parole du gouvernement ou du Président de la République n'a mis en cause la magistrature, et c'est un changement " a rappelé Christiane Taubira, dans une attaque à peine voilée contre l'ex-Président Sarkozy qui avait pour habitude d'interférer avec les affaires de justice.

"Nous avons adopté un texte de loi qui interdit au Garde des Sceaux d'intervenir dans les affaires personnelles des uns ou des autres" a par ailleurs déclaré la ministre.

Colère des policiers "On va apaiser les inquiétudes"

La ministre de la Justice est actuellement au coeur de l'actualité alors que plusieurs professions sont entrées en conflit avec son ministère. Les avocats d'abord, qui ont manifesté les 20 et 21 octobre dernier contre la réforme de l'Aide juridictionnelle.

Au début du mois d'octobre, les policiers avaient également donné de la voix. Les fonctionnaires de police estiment trop nombreux les dysfonctionnements de la justice, jugée trop laxiste envers les délinquants. Ils dénoncent un manque de respect à leur profession.

"Les policiers ont été très fortement émus par une agression sur un de leurs collègues à l'occasion d'un braquage effectué par une personne qui avait eu une permission de sortie" a rappelé la Garde des Sceaux.

"Nous travaillons sur un décret qui va clarifier la loi sur les permissions de sortie et qui viendra apaiser les inquiétudes" a tenu à rassurer Christiane Taubira.

"Je ne suis pas pour le pétard pour tous"

"Incontestablement il faut débattre" a estimé Christiane Taubira sur le sujet de la dépénalisation du cannabis. "Un sujet de société doit être traité par la société" a répété plusieurs fois la ministre. Une prise de position qui risque de ne pas passer inaperçue auprès du Premier ministre Manuel Valls qui s'est toujours montré fermement opposé à toute ouverture de la discussion sur ce sujet.

Christiane Taubira espère toutefois que les jeunes préfèrent "un bon jus de fruit ou un bouquet de fleurs" à la consommation de stupéfiants.

Macron, un homme de gauche? "Je ne sais pas, moi"

Il est de notoriété publique que les relations qu'entretiennent Christiane Taubira et Emmanuel Macron ne sont pas toujours au beau fixe. La ministre de la Justice, interrogée sur son collègue de l'Economie, lui a lancé une petite pique. Quand on lui demande si Emmanuel Macron est un homme de gauche, la réponse fuse: 

"Je ne sais pas, moi", accompagnée d'un sourire en coin. 

Des propos qui entrent en contradiction avec ceux de Julien Dray qui affirmait il y a quelques jours que le ministre de l'Economie "est une voix qui va compter" à gauche.

Christiane Taubira a par ailleurs rappelé sa proximité avec les frondeurs, ces députés de gauche qui s'opposent à la politique du gouvernement de Manuel Valls. 

J'ai des amis parmi les frondeurs, je ne m'en suis jamais caché, je ne m'en cacherai pas. Arnaud Monterbourg est un vieil ami. Nous avons mené une campagne, par exemple, pour la VIème République pendant plusieurs années. Je ne crois pas que la politique contraigne à renier ses amis.

Paul Aveline