EDITO - Polémique sur les déficits: la valse des milliards

Jean-François Achilli, Directeur de la Rédaction de RMC et éditorialiste RMC/BFMTV. - -
"Gouverner, c’est choisir", a déclaré le Premier ministre: les dépenses de l’Etat seront contenues cette année et en diminution d’un milliard et demi d’euros en 2014. Les collectivités territoriales vont être mises à contribution pour moitié de la somme. Jean-Marc Ayrault a listé les secteurs qui seront financés, c’est-à-dire épargnés par ce nouveau tour de vis: l'emploi, l'éducation, le logement et la sécurité.
Les autres ministères vont devoir se serrer la ceinture
Pour bien comprendre le principe: si l'on veut plus d’enseignants dans les écoles, il faut moins de fonctionnaires dans les services centraux des administrations. Les baisses d’effectifs vont viser essentiellement Bercy, les finances, mais aussi la Défense. "Les discussions se sont tout de même mille fois mieux déroulées avec Bernard Cazeneuve, l’actuel ministre du Budget, qu’avec son illustre prédécesseur, Jérôme Cahuzac, qui était brutal et cassant, du temps de sa splendeur", raconte un directeur de cabinet. Les ministères vont devoir réduire leur train de vie et leurs dépenses d’investissement.
Autre débat: les déficits
Et nous changeons d’échelle de dépenses: un milliard et demi d’économie d’un côté, et déjà plus de 60 milliards de déficits en 2013 de l’autre. 80 même, corrige Gilles Carrez, président UMP de la commission des finances à l’Assemblée. Faux, ce sera un peu moins de 70 milliards, selon le socialiste Christian Eckert, rapporteur général du budget.
La Cour des Comptes, indiquent Les Echos, devrait mettre tout le monde d’accord avec une fourchette entre 3,7 et 4% du PIB cette année, à croissance inchangée. Christian Eckert prévient: la politique de la France ne se fait seulement pas avec Bruxelles et les marchés financiers, mais aussi avec la dimension sociale de ce pays. Il faut tenir, en attendant des jours meilleurs.
Qui dit vrai dans cette bataille de chiffres?
Personne. Christian Eckert a fait les calculs: 120 milliards de déficits en moyenne et par an entre 2009 et 2011, sous Nicolas Sarkozy. C’était la crise, se défend la droite. Mais la crise est toujours là. Aucune écurie politique ne détient la recette miracle. Ironie de l’histoire: Jérôme Cahuzac s’explique ce mercredi à l’Assemblée sur son compte en Suisse. Et DSK est auditionné au Sénat pour son expertise en matière de lutte contre l’évasion fiscale. Tous ces milliards planqués hors de France qui règleraient une partie du problème.