EDITO - Batho défie Hollande et Ayrault

Jean-François Achilli, Directeur de la Rédaction de RMC et éditorialiste RMC/BFMTV. - -
Elle aura plombé à distance le voyage officiel de François Hollande en Tunisie. Avec sa conférence de presse jeudi, Delphine Batho s’est même offert le luxe de faire l’événement, en devançant la conférence de presse du président sur les chaines d’information continue. "C’est un coup de poignard dans le dos", a commenté l’entourage présidentiel à Tunis, jugeant contradictoires les explications de l’ex-ministre de l’Ecologie, sur le mode: "elle dit regretter d’avoir quitté le gouvernement, et elle l’accuse de faire dans l’austérité". Delphine Batho est coupable d’avoir commis "un acte de désolidarisation".
Même son de cloche à Paris, avec des attaques sur sa personnalité
Officiellement, l’Elysée et Matignon n’ont fait aucun commentaire. "Mais elle avait un problème de positionnement personnel, elle avait du mal à travailler en équipe", a expliqué un soutien du président, qui a conclu: "elle tient un double langage, en parlant de collégialité, tout en critiquant le groupe". Voilà Delphine Batho habillée pour les vacances.
Sa prestation a marqué les esprits
Il y a d’abord ce cri du cœur: "je n’ai jamais été prise en défaut de loyauté, je n’ai jamais commis la moindre bourde, le moindre couac", a expliqué Delphine Batho, s’estimant victime d’une injustice. Elle qui a dû affronter les lobbies des industries de l’énergie et qui n’a pas accepté une baisse injustifiée à ses yeux des crédits de son ministère.
Mieux encore, l’ex-ministre a rendu le couple exécutif responsable de la poussée du Front national: "Je n’accepte pas le tournant de la rigueur qui ne dit pas son nom et prépare la marche de l’extrême droite, a-t-elle martelé. J’appelle la gauche à un sursaut de l’écologie de l’espoir pour les déclarations futures".
La journée d'hier n'aura pas redoré le blason de la politique
A la colère froide d’une ministre outragée, qui défie frontalement le président et son Premier ministre, est venue s’ajouter la débâcle financière du principal parti d’opposition, l’UMP en quasi-faillite après l’invalidation des comptes de campagne d’un Nicolas Sarkozy obligé de sortir de son silence pour se défendre.
De quoi entretenir la nausée des Français, fabriquer de l’abstention et renforcer un peu plus une Marine le Pen qui n’aura bientôt plus besoin de se baisser pour ramasser la mise.