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EDITO - "Avec l'affaire Ferrand, il y a un risque de feuilleton"

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Invité mardi soir du 20 heures de France 2, le Premier ministre Edouard Philippe a fait savoir que Richard Ferrand, accusé de conflit d'intérêt, reste au gouvernement. Pour les éditorialistes de BFMTV, l'affaire pose la question de la définition de la probité sous Emmanuel Macron.
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> Laurent Neumann: "Le soutien de Philippe à Ferrand est un soutien gêné, embarrassé"

"C'est un soutien gêné, embarrassé. Au gouvernement et à l'Elysée, on a posé la carte électorale sur la table et on a regardé les sondages en disant 'On est à 15 jours des législatives, on a une grosse avance, possiblement une majorité absolue. Si l'affaire Ferrand nous fait perdre un ou deux points, est-ce que l'on peut pas passer de la majorité absolue à une majorité relative?' Un ou deux points, cela peut faire perdre 30, 40 députés. Eh bien on prend ce risque. Pourquoi prend-t-on ce risque? Pas seulement parce que Richard Ferrand est un proche d'Emmanuel Macron et qu'il l'a soutenu depuis le premier jour, ils prennent ce risque pour une raison simple: ils considèrent qu'il n'y a pas d'enquête, qu'il n'y a pas de mise en examen, qu'il n'y a pas d'argent public concerné, et donc que l'on est pas du tout dans le même cas de figure que toutes les affaires qui ont émaillé la campagne présidentielle.

Sauf que cela a déjà eu une conséquence: la loi sur la moralisation est déjà repoussée d'une semaine, elle interviendra au Conseil des ministres entre les deux tours des législatives.

La deuxième conséquence, c'est le risque du feuilleton, et on a déjà vécu cela pendant des semaines avec François Fillon pendant la campagne présidentielle. Cela fait huit jours que cela dure, en l'état actuel des choses Richard Ferrand est encore soutenu. Est-ce que ce sera le cas la semaine prochaine? Je ne peux même pas vous le dire". 

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 > Christophe Barbier: "Il faut un mode d'emploi de la probité à l'ère macronienne" 

"Le message d'Edouard Philippe est audible. Mais est-il compréhensible pour les gens? Tout cela donne un côté caoutchouteux, chewing-gum, guimauve à ses propos. Comme si d'un côté on avait voulu ériger la probité en priorité absolue, et puis de l'autre faire preuve d'indulgence dans la pratique. D'un côté on a une volonté d'exemplarité, et de l'autre on est incapable de fournir un mode d'emploi précis de cette exemplarité, c'est-à-dire ce qui est pardonnable et ce qui n'est pas excusable. C'est un peu compliqué. 

Il n'y a rien d'illégal dans l'affaire Ferrand, c'est vrai. Donc on doit en déduire que tout ministre ne démissionne pas tant qu'il n'est pas inquiété par la justice.
Mais il y a des affaires où la justice traîne, ne se saisit de rien, et il y a en même temps une pression médiatique telle que le ministre, pour bien se défendre, pour rétablir son honneur, ferait mieux de se mettre en retrait de ses fonctions". 
A.S.