Coupure de courant au meeting de Valls: la CGT-Mines n'a "aucun regret"

Manuel Valls a été plongé dans l'obscurité en pleine conférence de presse mardi soir. - BFMTV
L'exercice était surprenant d'avance pour un Premier ministre: Manuel Valls en personne s'est déplacé mardi soir dans le Doubs, à Audincourt, pour soutenir le candidat local aux législatives partielles, dont les élections auront lieu dimanche. Lors du point presse, face à une dizaine de journalistes seulement, la réunion a pris une tournure encore plus déroutante quand, à 20h07 précisément, le courant a été coupé. Dans une salle attenante, un millier de personnes attendait le meeting.
Près de 1.900 foyers touchés
L'incident, qui a duré près d'une heure, n'a rien d'accidentel: la CGT-Energie a revendiqué l'action peu après dans un communiqué, expliquant que cela visait à dénoncer la loi de transition énergétique, qui doit être débattue au Sénat à partir du 10 février.
La coupure de courant, qui a touché près de 1.900 foyers jusqu'à son rétablissement à 21 heures, a plongé la direction d'ERDF dans l'embarras. Mercredi matin, elle a déposé plainte contre X pour "atteinte au patrimoine", "violation de poste électrique", et "manoeuvre sans autorisation sur organe de coupure", indique L'Est Républicain. Cependant, l'agent à l'origine de la coupure n'a pas été identifié précisément, selon nos informations.
La colère du sénateur-maire
Joint par BFMTV.com, le sénateur-maire de la commune d'Audincourt, Martial Bourquin, a fait part de son "effarement". "Qu'on puisse couper l'électricité à 1.900 foyers à 20 heures, à l'heure où on couche les enfants, à l'heure où on dîne dans les foyers, c'est impensable et irresponsable!" Selon lui, l'incident, "qui visait à faire taire le Premier ministre", aurait pu avoir des conséquences graves. "Nous sommes en plan VigiPirate rouge. La situation aurait pu déraper avec cette obscurité. C'est une forme de syndicalisme insouciante, qui est inacceptable".
Le sénateur-maire, licencié d'une usine Peugeot dans sa jeunesse alors qu'il était justement lui-même syndicaliste CGT, "envisage de porter plainte contre le syndicat. Il y a eu mise en danger de la sécurité de très nombreuses personnes", assène-t-il.
"Pas de regrets mais des excuses"
De son côté, Marc Pautot, responsable régional de la Fédération Mines-CGT, affirme n'avoir "aucun regret" à BFMTV.com. "Bien sûr, on s'excuse auprès des usagers touchés, mais nous avons agi de la sorte car le gouvernement est sourd. Nous avions demandé à Manuel Valls une entrevue, qui nous a été refusée. J'aimerais qu'il y ait autant de révolte quand il y a des coupures de courant dans les foyers pour impayés. Aujourd'hui, il y a dix millions de foyer en situation de précarité énergétique."
La loi sur la transition énergétique, à l'origine du conflit, a été votée par le Parlement le 14 octobre dernier. Elle prévoit notamment de réduire la part du nucléaire dans le mix énergétique français à 50%. Le syndicat Mines Energie-CGT craint qu'elle ne favorise l'augmentation des tarifs de l'électricité et des émissions de gaz à effet de serre en France.