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Budget 2025: Michel Barnier en opération apaisement au Congrès des maires de France

Michel Barnier à Matignon le 27 septembre 2024

Michel Barnier à Matignon le 27 septembre 2024 - Thomas SAMSON / AFP

Le Premier ministre se rend ce jeudi 21 novembre au 106e congrès de l'Association des maires de France (AMF) sur fond de colère des élus contre les efforts budgétaires demandés par le gouvernement aux collectivités.

Michel Barnier et pas moins de 14 ministres face à la colère des édiles. Le Premier ministre et le gouvernement sont attendus de pied ferme par les élus locaux ce jeudi 21 novembre à Paris au 106e Congrès des maires de France. Ces derniers font entendre leur mécontentement à l'égard du projet de budget du gouvernement, accusé de menacer l'investissement et les services publics.

Ils ont donné le ton mardi et mercredi à travers une photo commune de 5.000 maires arborant une écharpe noire, ou au moyen d'une banderole réunissant une centaine d'élus socialistes sur laquelle on pouvait lire: "École, police, soignants, associations... On supprime quoi? Non à la casse des services publics".

Plusieurs maires dont le président de l'AMF (Association des maires de France) David Lisnard arborant une écharpe tricolore et noire, le 19 juin 2024 à Paris.
Plusieurs maires dont le président de l'AMF (Association des maires de France) David Lisnard arborant une écharpe tricolore et noire, le 19 juin 2024 à Paris. © Thomas Samson

Lors d'une rare conférence de presse commune, huit associations d'élus ont également réitéré leur opposition aux restrictions budgétaires.

Vers une augmentation du versement mobilité?

Dans le budget de l'État pour 2025, une contribution de "cinq milliards d'euros" est demandée aux collectivités, dont trois milliards aux 450 plus grandes, mais les associations d'élus évaluent plutôt la facture à 11 milliards d'euros.

C'est peu dire que le discours de Michel Barnier, prévu en clôture de l'événement, sera l'objet de toutes les attentions. Quel message adressera-t-il après avoir promis aux départements un effort "très significativement réduit" du fait de l'explosion de leurs dépenses sociales?

Selon des informations de BFM Business, une première concession pourrait être faite aux élus locaux. Celle de leur permettre d'augmenter le versement mobilité, une taxe payée par les entreprises pour financer les transports. Au grand dam du patronat, qui s'inscrit contre une telle mesure.

"Gilets jaunes"

Au début du mois, le président de l'association des maires de France, David Lisnard s'est livré à un sérieux avertissement à l'égard de l'exécutif: "Si l'on veut éviter que les prochains 'gilets jaunes' soient en écharpe tricolore, il va falloir (...) faire confiance aux maires", a prévenu l'édile LR de Cannes, déplorant un dénigrement de l'action communale et un délitement des moyens.

L'épisode budgétaire intervient dans un contexte de relations déjà dégradées entre l'État et les collectivités depuis le début du quinquennat Macron. 

Les élus locaux dénoncent régulièrement des transferts déguisés de compétences de l'État sans contrepartie financière ni moyens humains associés, une "tyrannie des normes", ou la suppression progressive des impôts locaux qui accentue leur dépendance à l'État.

Gérard Larcher veut limiter l'effort à "2 millards"

À seize mois des prochaines municipales, ce congrès est d'autant plus scruté que les démissions d'élus ont atteint un niveau inégalé selon David Lisnard, 30% de plus que le mandat précédent d'après le centre de recherches Cevipof. Quelque 2.400 maires ont démissionné depuis 2020, a aussi souligné dimanche Catherine Vautrinn, ministre du Partenariat avec les territoires.

"C'est 40 de plus par an lors de ce mandat", a-t-elle déclaré à la presse mercredi. D'après les chiffres officiels tirés du Répertoire national des élus, les démissions sont passées de 485 en moyenne par an lors du précédent mandat à 529 lors de celui-ci. Des chiffres à prendre toutefois avec précaution, prévient le ministère, compte tenu d'un changement des modes de calcul en 2021.

Venu au secours des maires, le président du Sénat Gérard Larcher a réitéré son intention de vouloir limiter l'effort des collectivités à "2 milliards et de réaliser les 3 milliards d'économies ailleurs".

"Le sujet global du gouvernement, c'est de ramener le déficit public à 5% (...) Après si en échangeant avec les parlementaires, on arrive à trouver des économies ailleurs et à moins faire d'économies avec les collectivités, pourquoi pas ?", lui a répondu Catherine Vautrin.

Baptiste Farge avec AFP