Bachelot annonce que la France va ouvrir "avec 15 ans d'avance" ses archives sur la guerre d'Algérie

"Il faut avoir le courage de regarder la vérité historique en face." La France va ouvrir "avec 15 ans d'avance" ses archives sur la guerre d'Algérie, a annoncé ce vendredi Roselyne Bachelot, alors invitée de Jean-Jacques Bourdin sur RMC-BFMTV.
"J'ouvre avec 15 ans d'avance les archives sur les enquêtes judiciaires de gendarmerie et de police qui ont rapport avec la guerre d'Algérie", a dévoilé la ministre de la Culture sur notre plateau, une décision prise par arrêté. "Je veux que sur cette question, qui est une question qui est troublante, irritante, où il y a des falsificateurs de l'Histoire qui sont à l'œuvre, je veux qu'on puisse la regarder en face" a poursuivi notre invitée, en martelant:
"On ne construit pas un roman national sur un mensonge."
"C'est la falsification qui amène toutes les errances, tous les troubles et toutes les haines. A partir du moment où les faits sont sur la table, où ils sont reconnus, où ils sont analysés, c'est à partir de ce moment-là qu'on peut construire une autre histoire, une réconciliation", a continué la ministre. "On a des choses à reconstruire avec l'Algérie, elles ne pourront se reconstruire que sur la vérité."
"C'est l'intérêt" de la France de reconnaître les actes de torture
L'ouverture de ces archives pourraient notamment permettre de confirmer que l'armée française a eu recours à des actes de torture lors de ce conflit, qui s'est étalé de 1954 à 1962. Ce qui n'effraie pas Roselyne Bachelot, bien au contraire: "C'est l'intérêt du pays que de le reconnaitre."
D'après les travaux de nombreux historiens, le nombre d'Algériens et de Français qui ont subi des actes de torture durant la guerre d'Algérie pourrait s'élever à des centaines de milliers de personnes.
Cette annonce s'inscrit dans la politique de réconciliation mémorielle initiée par le chef de l'Etat, Emmanuel Macron. Le 13 septembre 2018, il reconnaissait que la disparition du mathématicien et militant communiste Maurice Audin, en 1957 à Alger, était le fait de l'armée française et promettait à sa famille un large accès aux archives.
Le 9 mars 2021, poursuivant sa politique de "petits pas", le chef de l'Etat avait annoncé une simplification des accès aux procédures de déclassification des archives classifiées de plus de 50 ans, permettant d'écourter les délais d'attente liés à cette procédure.