Affaire Depardieu : un coup dur pour le gouvernement ?

Gérard Depardieu a créé une vive polémique en annonçant son intention de rendre son passeport français. - -
Gérard Depardieu n’est pas content. Dimanche, dans une lettre ouverte à Jean-Marc Ayrault, l’acteur a dit s’être senti "insulté" par les critiques du gouvernement sur son exil fiscal en Belgique. Résultat : il demande à être déchu de la nationalité française, et se serait même renseigné sur la procédure pour adopter la nationalité belge.
Le gouvernement a aussitôt réagi, se disant "scandalisé" par le contenu de la lettre. De son côté, François Hollande a affirmé lundi qu’il refusait de "blâmer", tout en saluant "ceux qui acceptent de payer leurs impôts en France".
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L’opposition, qui a "regretté" la décision de Gérard Depardieu, en a profité pour critiquer la politique fiscale de l’exécutif. L’affaire Depardieu va-t-elle précipiter la chute de la popularité du gouvernement ?
BFMTV.com a posé la question à Jean-Daniel Lévy, de l’institut de sondage Harris Interactive.
-L’affaire Depardieu va-t-elle nuire au gouvernement?
Les Français ont deux choses en tête : il y a une dette importante et il faut faire en sorte qu’elle soit réduite fortement. Pour cela, ils souhaitent un effort des plus riches. L’une des questions clé, c’est donc : comment faire pour que les riches paient, sans aller jusqu’à provoquer la rupture ?
D’un côté, une certaine catégorie de la population va penser que le gouvernement décourage les investissements des plus riches, et dans ce cas, l’affaire Depardieu nuira au gouvernement. De l’autre côté, les Français peuvent avoir l’impression que Gérard Depardieu la joue "perso". Dans ce cas, quelle que soit son image, les Français peuvent lui en vouloir plus qu’à Jean-Marc Ayrault. Il est encore un peu tôt pour dire quelle tendance va se détacher. Mais le débat se structure autour de ces deux opinions.
- Peut-on parler d’un couac ?
Pas forcément. Le couac est généralement synonyme d’absence de maîtrise. Or là, ça n’est pas le cas. Il n’y a pas eu d’incohérence en matière de communication gouvernementale. On n’est pas dans une situation où les acteurs sont amenés à critiquer l’amateurisme du gouvernement. Ils critiquent sa politique fiscale, certes : mais cela devient un débat, pas un couac.
-Peut-on comparer le mouvement de soutien à Gérard Depardieu à celui des "pigeons"?
Ce sont deux choses différentes. D’abord, le soutien s’exprime via une page Facebook par exemple – chez les pigeons, ce serait sur Twitter et Facebook, et même d’autres supports. Ensuite, derrière le mouvement des pigeons, il y a une décision du gouvernement sur une frange de la population. Or là, il s’agit de décisions qui concernent quelques individus.
Enfin, l’affaire des pigeons concernait un débat sur les entrepreneurs. Dans le cas de Depardieu, c’est un débat sur la richesse. Et on en veut toujours plus aux riches : l’entrepreneur mérite, le riche hérite.
-Son statut de star peut-il peser dans le débat?
Cela peut peser, car cela cause une certaine émotion. Mais là encore, Gérard Depardieu se différencie des autres. Des personnages publics comme Yannick Noah ou Zinédine Zidane sont appréciés parce qu’ils sont présentés comme des modèles. Ce n’est pas le cas de Gérard Depardieu, qui a émis des messages iconoclastes, et dont les frasques sont connues de tous.