Gilets jaunes: comment Macron souhaite renouer avec les Français

Au terme du premier weekend de mobilisation des gilets jaunes qui avait réuni un peu moins de 300.000 personnes la semaine passée, le Premier ministre Edouard Philippe avait prévenu: "le cap est bon, nous allons le tenir", soulignant ainsi la volonté ferme du gouvernement de ne pas reculer malgré la grogne des Français.
Pourtant, nombreux sont les manifestants à attendre une main tendue de la part de l'exécutif, et en particulier d'Emmanuel Macron, qui arrivé ce matin à Bruxelles, a pris la parole pour appeler à la "refondation de l'UE", mais n'a pas dit un mot sur la mobilisation des gilets jaunes. Il devrait s'exprimer ce mardi mardi à l'occasion de la présentation de programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE).
Comme l'indique le JDD, le président de la République prévoit ce jour-là d'annoncer la création d'un "Haut conseil pour le climat", une structure placée sous l'autorité du Premier ministre destinée "à susciter moins de crispations" sur la "politique énergétique et ses conséquences fiscales", précise l'hebdomadaire du dimanche.
"Aller au plus près du terrain"
Depuis maintenant plusieurs jours et le début des rassemblements des gilets jaunes, Matignon cherche la solution afin de se réconcilier avec les territoires. La création de ce groupe d'experts de ce Haut conseil devrait ainsi permettre d'aller au plus près du terrain, mesurer la soutenabilité des décisions et de prendre le pouls de la population quant aux mesures proposées.
Cependant, cette nouvelle annonce ne sera pas synonyme de "virage", mais d'une correction afin de "surmonter les résistances" souligne un proche d'Emmanuel Macron, dont les propos ont été repris une nouvelle fois par le JDD.
L'objectif est d'associer d'avantage les Français. "On ne change pas de cap, on fait juste monter plus de personnes sur le bateau" glisse de nouveau ce proche du président. Ainsi, la hausse des taxes sur le carburant sera bien maintenue pour le 1er janvier prochain, mais le gouvernement ne perd pas espoir de changer l'avis des Français, quitte a en payer le prix dans les sondages et aux prochaines élections européennes de 2019.
Réponse cinglante immédiate de l'opposition: "Les Français disent 'Monsieur le Président, nous n'arrivons pas à boucler les fins de mois', et le président leur répond 'nous allons mettre en place un Haut conseil'. Vous imaginez la déconnexion", s'est par exemple alarmée Laurence Saillet, porte-parole des Républicains.
Grande Marche
Pour ce, plusieurs pans de la société devraient être consultés dans les semaines à venir: syndicats, qui ont été invités à assister au discours de mardi, associations de défense de l'environnement, syndicats agricoles. Logiquement, et actualité oblige, plusieurs groupes gilets jaunes, "quitte à les mettre au défi de trouver leur propre organisation et de présenter leurs revendications" pourraient être également entendus.
Du côté du Premier ministre et de Matignon, selon nos informations, on reconnait s'être enfermé dans une caricature du pouvoir des riches, d'un pouvoir des urbains et on insiste sur le côté politique de ces décisions mais aussi sur le côté social et concret.
Comme le souligne Le Parisien, Emmanuel Macron souhaiterait également renouer avec sa Grande Marche, sorte de porte-à-porte mis en place durant la campagne électorale de 2017 et qui avait favorisé son accession au pouvoir. L'idée est de recueillir les doléances des Français et de recréer une nouvelle horizontalité dans le pays.
Et la tâche s'annonce ardue. Avant même la prise de parole d'Emmanuel Macron, les gilets jaunes ont appelé ce dimanche à un troisième weekend de manifestations samedi prochain, 1er décembre, à Paris.