Fraude fiscale: deux parlementaires UMP se défendent

Philippe Marini, sénateur de l'Oise, est accusé par le fisc d'avoir sous-estimé son patrimoine immobilier. - Stéphane de Sakutin -AFP
Parmi les 60 parlementaires en délicatesse avec le fisc, dont Le Canard enchaîné fait état dans son édition de mercredi, deux d'entre eux ont décidé de s'exprimer.
Loin de la "phobie administrative" de Thomas Thévenoud, Lucien Degauchy, député, et Philippe Marini, sénateur, tous deux élus UMP de l'Oise, assurent ne pas être de mauvaise foi, même s'ils ont eu tendance à sous-estimer leur patrimoine, immobilier principalement. Ils confient "négocier depuis l’été avec la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) et pour l’un d’eux, également avec Bercy".
"Je n'ai pas triché"
Lucien Degauchy, député depuis 1993, s'est fait une première fois rappelé à l'ordre au printemps. "Nous ne sommes pas d'accord sur la valeur de mes appartements", déclare l'élu. Propriétaire d'un immeuble au Pré-Saint-Gervais en Seine-Saint-Denis valant 471.000 euros, la HATVP l'a pourtant estimé à 1,6 millions d'euros. Lucien Degauchy explique avoir fait expertiser ce bien par un huissier : "Les planchers s'écroulent, il y a des travaux de confortation. Un marchand de bien m'avait même dit qu'il n'en ferait rien et le démolirait pour reconstruire derrière."
Sur sa fiche de patrimoine, il assure avoir "appliqué à la lettre ce que l'administration m'a dit de faire". "Je n'ai pas triché", scande haut et fort celui qui a été contrôlé quatre années de suite depuis 2009.
Un compte en Suisse non-déclaré
A ces différents sur son patrimoine immobilier, Lucien Degauchy est également dans le viseur du fisc pour un compte en Suisse non déclaré depuis 1981. "Un héritage" qu'il tenait de son père. "Dans mon esprit, cet argent n'était pas à moi", se défend le député. Depuis, il a régularisé sa situation. "Aujourd'hui, on me reproche de ne pas l'avoir déclaré plus tôt", déplore-t-il.
De son côté, Philippe Marini, sénateur dans l'Oise, est en désaccord avec le fisc au sujet de l'évaluation d'un bien immobilier. Un appartement dans le 5e arrondissement parisien qui est dans sa "famille depuis les années 30". "Je n'y avais pas prêté vraiment attention", concède-t-il. Tout comme son collègue, le sénateur regrette que pour remplir sa déclaration de patrimoine, il doit se contenter de recopier l'ISF. "Or, c'est l'éternel problème: si les chiffres datent, le marché a pu évoluer", soupire Philippe Marini.