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François Bayrou dans le viseur de Nicolas Sarkozy et de ses militants

Le leader du Modem François Bayrou

Le leader du Modem François Bayrou - IROZ GAIZKA - AFP

Depuis son appel en faveur de François Hollande à la présidentielle 2012, François Bayrou est honni des sarkozystes. Son récent rapprochement avec Alain Juppé, loin d'atténuer la rancoeur, en fait désormais une cible privilégiée de l'ancien chef de l'Etat.

"Honte à François Bayrou". Dans les rangs des militants pro-Sarkozy, l'ancien chef de l'Etat n'a pas besoin de citer le nom du président du Modem pour provoquer des réactions virulentes. En meeting près d'Angers lundi soir, Nicolas Sarkozy a su jouer de cette rancoeur pour agiter la salle remplie par ses partisans, à moins d'une semaine de l'élection du président de l'UMP, et pour laquelle l'ancien chef de l'Etat reste le favori.

"Vous avez compris", a souri Nicolas Sarkozy provoquant les applaudissements nourris de l'assistance. "C'est trop facile de se faire élire maire de Pau avec le soutien de la droite exaspérée sans reconnaître deux ans après son erreur d'avoir fait élire François Hollande", a justifié l'ancien président de la République.

En clair, dans le viseur sarkozyste, l'appel de François Bayrou à voter en faveur du candidat socialiste en 2012, mais aussi l'accord tacite passé avec Alain Juppé pour que l'UMP ne lui oppose pas de candidat, lors des municipales de mars 2014. Entre-temps, le PS s'était maintenu dans sa circonscription aux législatives et avait contribué à la perte de son siège de député.

"Tout oppose Bayrou et Sarkozy"

Si Nicolas Sarkozy a réaffirmé ne pas avoir "d'adversaire" dans sa famille politique, il cogne sur François Bayrou. "Si Nicolas Sarkozy est le candidat de l'UMP en 2017, François Bayrou sera candidat pour le faire battre", explique le politologue Thomas Guénolé à BFMTV.com. "Tout oppose les deux hommes. Leur parcours, leurs idéologies et même leurs territoires de prédilection".

Indirectement c'est Alain Juppé, son futur adversaire à la primaire et favorable à l'ouverture au centre, qui est visé, et que le président du Modem se dit "prêt à aider". Alain Juppé et François Bayrou "sont proches et idéologiquement peu éloignés", explique le chercheur du Cevipof Pascal Perrineau. Et globalement, "les électeurs de droite ne sont pas opposés à une alliance entre les deux hommes".

Bayrou "nous a trahi"

Mais la personnalité de François Bayrou, candidat malheureux à trois présidentielles mais capable avec ses scores de servir l'un ou l'autre des présents au second tour, suscite toujours des doutes. "Il nous a trahis, nous ne pouvons pardonner l'affront", explique un militant à BFMTV. "Il est possible de rassembler sans ceux qui ont fait battre Nicolas Sarkozy", renchérit un autre. 

Ainsi l'opposant de Nicolas Sarkozy dans la course au parti, et plutôt proche d'Alain Juppé, Bruno Le Maire, préfère le "laisser à la gauche" car il symbolise les "zigzags".

Pourquoi? Tout en flirtant avec Alain Juppé, François Bayrou avait aussi reçu début novembre Manuel Valls à Pau pour évoquer la "maison commune des progressistes", chère au Premier ministre. Evidemment, Nicolas Sarkozy n'était pas inclus.

Samuel Auffray avec Damien Fleurot