Fiches, jeu de rôles... les recettes des candidats pour le débat de la primaire
C'est une primaire inédite à droite et au centre et un premier débat qui le sera tout autant. Sept candidats (Bruno Le Maire, Alain Juppé, Nathalie Kosciusko-Morizet, Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé, Jean-Frédéric Poisson, François Fillon) tenteront de se distinguer pendant plus de deux heures ce jeudi soir en esquissant leur programme à travers la quinzaine de questions qui leur sera posée. Pour se vendre, chaque candidat a sa méthode et son media-training.
Le Maire s'adonne au jeu de rôles
Si les ténors, plus habitués à ce type d'exercice, préparent plus solitairement le rendez-vous, les outsiders ne lésinent pas. Du côté de Bruno Le Maire, on prépare les fiches et les argumentaires.
"On l'entoure, on tente des choses: on teste le vocabulaire, on se pose la question de la cravate ou pas pour le débat", rapporte Alain Chrétien, l'un de ses soutiens.
Si le député de l'Eure la jouait décontracté dans les colonnes du JDD, il a omis de préciser qu'entre les promenades et les joggings, il s'est adonné ces derniers jours à l'exercice du jeu de rôles. "Deux ou trois fois", croit savoir Le Point. Pour reproduire les conditions du direct, ses proches ont endossé le costume de ses adversaires. Sébastien Lecornu, président du conseil général de l'Eure et visiblement passé maître dans l'art de l'imitation de Nicolas Sarkozy, a par exemple joué l'ancien chef d'État.
La bonne diction pour Poisson
Répétitions également intenses pour le moins habitués des plateaux télés. Si Jean-Frédéric Poisson n'a pas reproduit de faux débat à son QG, il s'est surentraîné à tout formuler en 60 secondes. "Il faut apprendre à exprimer le plus clair de ce que nous voulons dire en une minute", confie-t-il. La concision et la clarté, deux maîtres mots auxquels s'ajoutent aussi l'attractivité.
"On s'entraîne en s'enregistrant, en voyant si le texte qu'on vient de préparer passe à la diction. Comme on le fait ici (ndlr: à l'Assemblée nationale) pour être sûr de tenir les délais quand on nous pose une question d'actualité ou quand on intervient sur un amendement. On écrit, on retouche, on récite, on reformule: c'est un travail de préparation très long", assure le président du parti chrétien-démocrate.
"Confronter les idées, pas les personnes"
Seule femme à concourir, Nathalie Kosciusko-Morizet aborde le débat "comme une opportunité de confronter les idées, pas les personnes". La députée de l'Essonne travaille donc essentiellement à synthétiser ses propositions.
Jean-François Copé revendique lui une "préparation classique": notes et surtout ses meetings. Une méthode proche de celle employée par François Fillon.
"Vous ne pensez pas que ce qu'il vit au quotidien est déjà une préparation en soi?", ironise Valérie Boyer, une de ses porte-paroles.
"François Fillon prépare le débat depuis trois ans, en allant à la rencontre des Français et en ayant élaboré son programme lui-même, en écrivant ses discours. Il n'a pas arrêté les meetings", insiste-t-elle.
Entre réunions et détente pour les favoris
Pour les favoris aussi, il a fallu faire de la place à l'agenda. Mercredi et jeudi, Nicolas Sarkozy a eu des réunions préparatoires avec ses conseillers. L'ancien chef de l'État s'est préparé mentalement en faisant ses footings habituels, rapporte Le Figaro. "J'ai plus d'énergie après!", aurait-il affirmé à nos confrères. Et il lui en faudra sans doute pour affronter son premier rival, Alain Juppé.
Lui aussi a privilégié la détente à 24 heures du débat. Selon TF1, le maire de Bordeaux s'est rendu à l'exposition Hergé, l'auteur de Tintin, au Grand Palais à Paris ce mercredi.
La cible à abattre
"Nous avons confiance en notre candidat", assurent pour leur part les juppéistes à la veille du débat en soulignant que son passage, la semaine dernière, à L'Émission politique avait été un bon entraînement. "Alain Juppé connaît son projet sur le bout des doigts, il connaît aussi les arguments de ses adversaires." Son équipe a aussi prévu de l'entourer de jeunes sur le plateau, afin de coller à l'image qu'il essaie de se forger en tant que candidat.
Nul doute qu'Alain Juppé sera la première cible au vu de ces résultats dans les sondages, où l'écart s'est à nouveau creusé dernièrement avec Nicolas Sarkozy. Les candidats devront par ailleurs se distinguer sur le fond même si tous n'ont pas les mêmes objectifs. L'économie et la sécurité seront les deux grandes thématiques abordées lors de ce premier round.