Fabius : « Sarkozy, monsieur Déficits et chômage »

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Laurent Fabius, ancien premier ministre de François Mitterrand (de 1984 à 1986) et député socialiste de Seine-Maritime commente avec quelques formules chocs dont il a le secret, l'actualité politique de cette mi-juillet. Notamment l'envoi par Martine Aubry (premier secrétaire du parti Socialiste) à Manuel Valls d'un courrier de trois pages dont la synthèse pourrait être : Arrête de dénigrer le parti... ou quitte-le !
Un geste d'autorité que comprend et soutient celui qui fut pendant un an (1992-1993) premier secrétaire d'un PS également en pleine crise. « Je crois que c'est pas mal qu'on rappelle les uns et les autres au besoin d'unité. Il faut quand même qu'il y ait un pilote dans l'avion. Au parti Socialiste, il y a toujours eu une grande liberté, mais il y a des limites à ne pas franchir. On est en difficulté, c'est incontestable, donc on a besoin que les gens se rassemblent plutôt qu'ils se tirent dessus, les uns contre les autres. C'est vrai qu'il y a du travail à faire. Il faut avancer, au lieu de se lamenter, il faut travailler, se rassembler. Comme nous avons des difficultés avec nos partenaires, il faut à la fois proposer et être unitaire, pour deux, pour trois... »
« Le Président n'est pas le propriétaire de la France »
Les difficultés dont parle Laurent Fabius avec ses partenaires, c'est cet après élection européenne : Martine Aubry a demandé de faire front commun pour les Régionales et finalement... Mélenchon a dit non, Europe Ecologie a dit non... Pourtant plutôt que de s'attarder sur les déboires du PS « il faut continuer notre ligne », Laurent Fabius retrouve ses talents d'orateur et son expérience de la formule choc pour revenir sur les festivités du 14 juillet : « Il faut que le président de la République comprenne qu'il n'est pas propriétaire de la France. Ce qui s'est passé sur les antennes publiques et sur TF1 est absolument incroyable ! Vous avez eu avant-hier, une hagiographie ridicule... On ne voyait même pas ça dans les pays de l'Est (ndlr : Laurent Fabius évoque A visage découvert sur Nicolas Sarkozy diffusé lundi soir sur France 5). Nous avons demandé l'égalité médiatique. Sur les grandes chaines publiques et aussi un peu sur TF1, on ne voit que la famille de monsieur Sarkozy. Qu'il cesse de se considérer comme propriétaire de la France. C'est ça la Démocratie ! »
« Une République bananière ! »
Revenant sur les images de Claude Guéant faisant visiter le bureau du président et souhaitant une nouvelle candidature de Nicolas Sarkozy en 2012, Laurent Fabius, très en verve, s'agace : « C'est une République bananière ! Monsieur Sarkozy a été élu en disant à tout le monde : je vais être le président du pouvoir d'achat... et aujourd'hui, c'est monsieur Déficits et monsieur chômage. Y'a aucun résultat. L'insécurité est en train de regagner... La réalité c'est que malgré la propagande du gouvernement, les choses ne vont pas ! »