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Entre FMI, G20 et 2012, DSK continue son numéro d'équilibriste

Dominique Strauss-Kahn soigne son profil de gauche et s'efforce de faire retomber la pression pesant sur ses épaules à l'amorce de la présidence française du G20, qui l'oblige à travailler avec Nicolas Sarkozy, son adversaire potentiel pour 2012. /Photo p

Dominique Strauss-Kahn soigne son profil de gauche et s'efforce de faire retomber la pression pesant sur ses épaules à l'amorce de la présidence française du G20, qui l'oblige à travailler avec Nicolas Sarkozy, son adversaire potentiel pour 2012. /Photo p - -

par Laure Bretton PARIS (Reuters) - Dominique Strauss-Kahn soigne son profil de gauche et s'efforce de faire retomber la pression pesant sur ses...

par Laure Bretton

PARIS (Reuters) - Dominique Strauss-Kahn soigne son profil de gauche et s'efforce de faire retomber la pression pesant sur ses épaules à l'amorce de la présidence française du G20, qui l'oblige à travailler avec Nicolas Sarkozy, son adversaire potentiel pour 2012.

Même si son mandat à la tête du Fonds monétaire international (FMI) le contraint en théorie à un strict devoir de réserve, il a semé lundi quantité de petites pierres blanches vers une éventuelle candidature et s'est attaché à prendre ses distances avec l'actuel chef de l'Etat.

Sur France Inter, il a assuré qu'il travaillerait "correctement" avec Nicolas Sarkozy, qu'il doit rencontrer mercredi à l'Elysée, tout en rappelant qu'il ne lui devait pas sa nomination au FMI - "il faut rendre à César uniquement ce qui lui appartient, pas plus", a-t-il fait valoir.

Le président français, qui s'est fixé pour objectif de faire advenir une nouvelle gouvernance mondiale, a "mis la barre assez haut", a remarqué Dominique Strauss-Kahn et "l'avenir dira" s'il a péché par trop d'optimisme.

Pour "DSK", le G20 s'annonce comme un exercice périlleux, voire un piège, estiment plusieurs dirigeants du PS.

"Pendant un an, Nicolas Sarkozy est plus libre que lui. Il pourra dire: 'regardez, avec Dominique, on est d'accord sur tout'", redoute un membre de l'aile sociale-démocrate du parti.

D'où une offensive médiatique en deux temps pour gommer toute aspérité libérale, généralement associée à l'institution qu'il dirige depuis 2007.

"AFFAMEUR"

Préparant le terrain, son épouse, la journaliste Anne Sinclair, a jugé sur Canal + la semaine dernière qu'il fallait être "tordu" pour penser que Dominique Strauss-Kahn n'était pas de gauche.

Lundi, celui que Jean-Luc Mélenchon a surnommé "l'affameur de la moitié du monde" a longuement expliqué que le "nouveau FMI" n'avait "plus grand-chose à voir" avec la caricature qu'en font ses adversaires.

Preuve que le FMI a changé et que les opinions publiques comprennent ses programmes de "retour à l'équilibre", la gauche grecque, qui a imposé un programme d'austérité drastique, vient de remporter les élections législatives, a noté Dominique Strauss-Kahn, pressé de questions sur la politique hexagonale.

"Je suis très attentif à la situation française, à la fois à la situation de ses finances publiques mais au moins autant à sa cohésion sociale", a dit l'ancien ministre de l'Economie.

Mais pour l'instant le FMI "occupe tout mon temps", a-t-il expliqué à l'adresse de ceux qui au Parti socialiste espéraient une accélération du tempo.

Il a renvoyé au calendrier officiel des hostilités, qui prévoit un dépôt des candidatures pour les primaires présidentielles au mois de juin prochain.

PÂTES À LA TOMATE

S'il apprécie les sondages qui le consacrent depuis près d'un an comme le "présidentiable" socialiste préféré des Français, il s'en tient pour l'instant toujours aux pirouettes plutôt qu'aux déclarations d'intention.

"Les statuts du FMI (...) ne m'interdisent pas dire que j'adore les pâtes à la sauce tomate et pourtant je ne le dis pas", a-t-il dit.

Ce statut de favori crée des obligations, tempête un aspirant présidentiel sous couvert d'anonymat. "S'il annonce en juin qu'il n'est pas candidat, c'est un meurtre : personne ne pourra refaire son retard et la gauche perdra", prévient-il, à l'unisson de nombreux dirigeants.

Pierre Moscovici, qui envisage une candidature aux primaires si Dominique Strauss-Kahn jetait l'éponge, a été le premier à conseiller au dirigeant du FMI une "période de réacclimatation" avec la France avant de se lancer dans la course à l'Elysée.

Lors d'une présidentielle, "le lien avec le pays est primordial", confirme Manuel Valls, candidat déclaré aux primaires. "Il ne suffit pas de dire 'je vous aime, j'habite avec vous dans ce pays" pour avoir une chance de l'emporter", estime le député-maire d'Evry.

D'autres sont encore plus virulents. Depuis trois ans, Dominique Strauss-Kahn "est dans l'abstraction la plus complète", attaque un membre de l'aile gauche du PS. "Ce n'est pas en passant du Sofitel de Rio au Sofitel de Ljubljana qu'on peut respirer un pays et comprendre les problèmes concrets des Français".

Edité par Patrick Vignal