Qu’est-il reproché à Alexis Kohler, numéro 2 de l'Elysée?

L'Elysée est de nouveau dans la tourmente. Mercredi, l'association de lutte contre la corruption Anticor a déposé une seconde plainte contre Alexis Kohler, secrétaire général de l'Elysée, pour prise illégale d'intérêt. La plainte fait suite aux révélations de Mediapart, qui assure que selon deux procès-verbaux du conseil de surveillance du "Grand port maritime du Havre" (GPMH), où Alexis Kohler siégeait entre 2010 et 2012 en tant que représentant de l’État, celui-ci avait approuvé des contrats entre le GPMH et l'armateur MSC. Or, la société MSC a été fondée et est toujours dirigée par des cousins de la mère du secrétaire général de l'Elysée.
Prise illégale d'intérêt
Pour Anticor, c'est une prise illégal d'intérêt, une infraction large qui n'a pas forcement d'ambition lucrative: "La prise illégale d'intérêt, c'est le fait pour un fonctionnaire, dans le cadre de ses fonctions, de participer à la prise de décisions concernant une entité, une société dans laquelle il a un intérêt financier, moral, amical ou familial", énumère sur notre antenne l'avocat pénaliste Stéphane Babonneau. L'existence de cette infraction doit protéger la transparence et la probité des décisions de l'administration. "Le but n'est pas de montrer que l'accusé en a bénéficié, mais d'expliquer qu'il ne pouvait pas prendre de décision, parce qu'il a un intérêt", détaille Stéphane Babonneau.

Des liens cachés
En cas de liens avec une entité lors d'un arbitrage, les fonctionnaires sont tenus de s'écarter de toute prise de décision et de déclarer un "intérêt". En mai dernier, Alexis Kohler avait assuré à Mediapart s'être toujours écarté des débats concernant MSC. Or, selon les procès-verbaux, assure l'association Anticor, ce lien n'a jamais été révélé au conseil de surveillance du GPMH, où Alexis Kohler siégeait aux côtés d'Edouard Philippe, le Premier ministre et ancien maire de la ville. "À défaut de preuve contraire et notamment de la communication de sa déclaration d'intérêt dont il conviendrait d'obtenir communication, l'intérêt a toujours été dissimulé par monsieur Alexis Kohler jusqu'à sa révélation par le journal Mediapart", assurent les avocats d'Anticor, Jean-Baptiste Soufron et Patrick Rizzo dans leur plainte.
Une première plainte en juin
- C'est la seconde plainte que l'association Anticor dépose contre le bras droit d'Emmanuel Macron. Le 1er juin, une première plainte avait été déposée auprès du parquet national financier pour "prise illégal d'intérêt", "trafic d'influence" et "corruption passive", après de premières révélations de Mediapart. C'était alors la présence du secrétaire général de l'Elysée au conseil d'administration des chantiers navals STX France, principal client de MSC, comme représentant de l'État que dénonçait Anticor. Dans le cadre de cette plainte, une perquisition a été menée lundi au ministère de l'Economie.
