BFMTV
Élysée

Hollande occupe le terrain

François Hollande lors d'un précédent déplacement en Seine-Saint-Denis, le 9 septembre 2015.

François Hollande lors d'un précédent déplacement en Seine-Saint-Denis, le 9 septembre 2015. - Stéphane de Sakutin - Pool - AFP

Déplacement à La Courneuve ce mardi, matinale de RTL et conférence sociale lundi, visites aux douanes dimanche… Le Président quadrille le terrain médiatique.

François Hollande retourne en banlieue. Le président de la République se rendra ce mardi à La Courneuve: il a choisi cette commune populaire pour lancer l'Agence nationale de développement économique.

Un déplacement hautement symbolique pour le chef de l’Etat. Annoncée lors de sa conférence de presse du 5 février, après les propos de Manuel Valls évoquant "un apartheid territorial, social et ethnique" en France, cette nouvelle structure vise à favoriser la création d'entreprises, à aider les très petites entreprises quel que soit leur lieu d'implantation et à promouvoir l'innovation.

Moins de deux mois avant des élections régionales à haut risque pour la gauche, le président tentera de reparler aux banlieues, qui avaient majoritairement voté pour lui en 2012 face au candidat Nicolas Sarkozy.

Autre symbole fort, cette visite intervient à quelques jours du dixième anniversaire des révoltes sociales dans les banlieues, déclenchées par la mort le 27 octobre 2005 de deux adolescents -Bouna Traoré et Zyed Benna- dans un transformateur électrique à Clichy-sous-Bois, après une course-poursuite avec des policiers.

Multiplication des déplacements

Visite en Seine-Saint-Denis et interview au Chasseur français ce mardi, matinale de RTL et conférence sociale lundi, visite surprise aux douanes dimanche pour les féliciter de la saisie record de plus de sept tonnes de cannabis, visite d’un glacier islandais touché par le réchauffement climatique vendredi, à six semaines de la COP21… Depuis quelques jours, François Hollande donne l’impression de vouloir être sur tous les fronts, de s’attaquer à tous les sujets. Comme un Président en campagne.

Le locataire de l’Elysée, d'après Le Monde, se déplace ces temps-ci au rythme d’un à deux déplacements par semaine. Et dans un climat de tensions sociales croissantes en France, ses conseillers à l’Elysée confirment au journal du soir cette stratégie de quadrillage médiatique. Il tente de ravauder le tissu sociétal", dit l’un d’eux dans les colonnes du journal. "On renoue, on recoud", abonde un autre.

"Hormis les grands moments de communion nationale, type vœux du 31 décembre ou 14 juillet, si tu veux aller chercher les gens, il faut différencier les exercices médiatiques, aller chercher les publics les uns après les autres", explique encore son conseiller en communication Gaspard Gantzer au quotidien du soir. "Mais le président tient toujours le même message politique: celui d’un pays dont il faut être fier, qui ne doit pas être nostalgique mais avancer."

Toujours à la peine dans les sondages, François Hollande, qui interroge régulièrement ses visiteurs et conseillers sur 2017, est donc à l’offensive avec pour idée de regagner un à un les électeurs. "On essaie d’aller partout, il n’y a pas de destination taboue", souligne un collaborateur de François Hollande. "Il y a l’idée d’aller parler aux gens, d’avoir un contact direct avec la population, de passer un moment avec les élus ou les représentants syndicaux. Et ça, ça touche les gens au sens positif du terme. Ils se disent: "Il est venu à l’endroit où nous vivons, où nous travaillons. Il ne reste pas planqué à l’Elysée".

"Pas ça qui permet de remonter" dans les sondages

Mais cette tournée marathon est aussi porteuse de risques. Celui d’être confronté à la grogne sociale sous l’oeil des caméras notamment, comme lorsqu’un un syndicaliste CGT des chantiers naval STX de Saint-Nazaire a refusé de lui serrer la main la semaine dernière.

Autre écueil: se déployer tous azimuts, et en oublier le fond. "Tout ceci manque de sens", déplore un ex-ministre auprès du Monde, comparant la course du Président à celle d’un "furet" qui "est passé par ici" et "repassera par là…" Les plumes qui écrivent les discours de François Hollande auraient d'ailleurs du mal en ce moment à trouver quoi dire de nouveau.

"La machine tourne à plein régime, et certains, au cabinet, estiment qu’il n’y a pas assez de fond dans les discours. Mais comme il sort plusieurs fois par semaine, il est difficile d’avoir du contenu…", pointe l’un de ses collaborateurs.

Enfin, se pose la question de l’efficacité d’une telle entreprise. "On l’avait vu avec Chirac: cette stratégie de proximité permet de tisser des liens avec certaines catégories et de montrer un président à l’écoute", estime auprès du quotidien Brice Teinturier, le directeur général délégué de l’institut Ipsos. "Mais ce n’est pas ça qui permet de remonter et de surmonter les handicaps profonds de cette impopularité", juge-t-il. "C’est un travail de couture, mais qui ne permet pas de suturer les plaies."

V.R.