Avant les régionales, Hollande courtise les chasseurs

François Hollande - Stéphane de Sakutin - AFP
La campagne est au coeur des préoccupations de François Hollande. Pas celle de 2017, ni même les régionales de la fin d'année ne sont pas un sujet pour le chef de l'Etat. Mais en accordant un entretien au Chasseur français, en kiosque mercredi, François Hollande cible le monde rural, une catégorie bien spécifique qui a voté à plus de 25% pour Marine Le Pen en 2012, selon une étude de l'Ifop. Un enjeu stratégique donc avant les régionales.
Dans un plaidoyer pour la ruralité, le chef de l'Etat rappelle qu'il "s'est battu pour garder son appellation autour des produits" qui font la renommée de Laguiole, le couteau et le fromage, et dit avoir "beaucoup de considération pour ceux qui défendent la nature", dont "les chasseurs font d'ailleurs partie". N'en jetez plus.
Mais à y regarder de plus près, François Hollande n'est pas le seul à amadouer les 1,1 million de chasseurs en France. Car contrairement aux idées reçues, "le vote chasseur n'est pas homogène et monolithique". Au premier tour de la présidentielle de 2012, l'ensemble de la gauche recueillait 42,5% des voix des chasseurs, contre 54% à la droite et l'extrême droite.
"Pas de chasse de droite ou de chasse de gauche"
Alors la chasse aux voix s'organise. Xavier Bertrand, candidat Les Républicains pour la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie - 117.000 chasseurs - a réservé une place sur sa liste à Frédéric Nihous, leader du mouvement Chasse Pêche Nature et Tradition (CPNT), officiellement associé à l'UMP-Les Républicains depuis 2012.
Plus encore, Xavier Bertrand "confiera la présidence de la commission environnement de la région à un chasseur" en cas de victoire. Sa concurrente FN pour la région, Marine Le Pen s'intéresse elle aussi de près aux amateurs de gibier même si l'image cet été d'un Florian Phillipot, numéro 2 du parti, enlaçant chaleureusement Brigitte Bardot, avec un "merci Brigitte pour votre amour inconditionnel des animaux et de la France", a fait grincer des fusils.
Pour Bernard Baudin, président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC) et député LR des Alpes-Maritimes, "il n'y a pas de chasse de droite ni de chasse de gauche. Pour faire avancer les dossiers, il faut savoir taper à toutes les portes".
La bataille fait rage en Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin
C'est en Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin que la bataille est la plus intense. Première grande région de chasse avec 209.000 pratiquants, les candidats y rivalisent d'attentions. Jacques Colombier, tête de liste frontiste assure avoir "toujours eu à coeur de prendre en compte ces thématiques". "Je vais rencontrer des responsables de fédérations de chasse, c'est prévu dans mon programme".
Virginie Calmels, tête de liste LR-UDI, a rendu visite aux chasseurs de gibier d'eau en août. "On va voir les chasseurs, on essaie de comprendre leurs problèmes (...) on est très sensibles aux calendriers de chasse", explique Jérôme Peyrat, son directeur de campagne. Alain Rousset, candidat PS et président sortant d'Aquitaine a lui réservé une place de choix sur sa liste à Henri Sabarot, président de la fédération de chasse de Gironde.