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Guerre en Ukraine: l'Élysée salue un "excellent échange" avec les Américains en faveur d'une "paix solide"

Une réunion diplomatique sur la guerre en Ukraine au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 17 avril 2025.

Une réunion diplomatique sur la guerre en Ukraine au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 17 avril 2025. - Ludovic MARIN / POOL / AFP

Après une série de réunions ce jeudi 17 avril sur la guerre en Ukraine avec les États-Unis mais également avec l'Allemagne, la Grande-Bretagne et l'Ukraine, l'Élysée estime avoir "déclenché" un processus "positif auquel les Européens sont associés".

La France a salué un "excellent échange" sur l'Ukraine, mené ce jeudi 17 avril à Paris, avec des diplomates américains, britanniques, allemands, et ukrainiens. "Il y a eu un excellent échange, de qualité, pour converger vers une paix solide au profit de l’Ukraine", a déclaré l'Élysée à l'issue d'une série de réunions notamment autour d'Emmanuel Macron, du secrétaire d'Etat américain Marco Rubio et de Steve Witkoff, l'envoyé spécial de Donald Trump.

"La nouveauté (...) c'est qu'aujourd'hui à Paris, les États-Unis, l'Ukraine et les Européens se sont retrouvés autour d'une même table" pour évoquer les pistes vers "une paix juste et durable", a déclaré le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot lors d'une brève allocution, alors que les Européens craignent depuis des semaines d'être mis à l'écart des négociations.

Une nouvelle réunion prochainement à Londres

Une nouvelle réunion des émissaires de ces cinq pays est prévue la semaine prochaine à Londres.

"Il y a un accord pour poursuivre ces conversations à Londres la semaine prochaine dans le même format", soit avec des conseillers de sécurité et négociateurs américains, européens et ukrainiens, nous a indiqué l'Élysée.

Paris assure que les "modalités du cessez-le-feu" entre Kiev et Moscou, plus de trois ans après l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022 ont été discutées lors de ce format "inédit".

"Il y a l’ambition d’un cessez-le-feu complet le plus rapidement possible", nous assure l'Élysée. Ce cessez-le-feu devrait "se baser sur la ligne de contact telle qu'elle est", en tenant compte des territoires ukrainiens "occupés par la Russie".

"Nous sommes arrivés à Paris avec un but en tête: définir des solutions concrètes pour terminer la guerre entre la Russie et l'Ukraine", et faire cesser "le bain de sang inutile", avait auparavant commenté sur X le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio, qui a participé à ces échanges.

Depuis Kiev, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait accusé l'émissaire américain Steve Witkoff, présent à Paris avec Marco Rubio, d'avoir "adopté la stratégie russe". Steve Witkoff, proche ami du président américain Donald Trump, est l'interlocuteur du président russe Vladimir Poutine dans les négociations de cessez-le-feu, et avait déjà été accusé par Kiev de reprendre les éléments de langage du Kremlin.

Un climat tendu entre Moscou et les Européens

Moscou, pour sa part, a accusé les Européens de vouloir "poursuivre la guerre" et a estimé que "de nombreux pays" tentaient de "perturber" le dialogue bilatéral renaissant entre Moscou et Washington. La Russie a également menacé l'Allemagne, faisant savoir que toute frappe sur des cibles russes avec des missiles de croisière allemands Taurus, que Berlin n'exclut plus de livrer à Kiev, serait considérée comme "une participation directe" à la guerre.

C'est dans ce climat tendu, et alors que la guerre continue à faire rage sur le terrain - dix personnes ont été tuées par des frappes russes en Ukraine jeudi- que les réunions se sont enchaînées à Paris.

Marco Rubio et Steve Witkoff ont été reçus à l'Elysée par Emmanuel Macron afin de "faire le point sur les négociations de paix visant à mettre fin à l'agression russe de l'Ukraine", selon la présidence française. Outre les Américains, une délégation ukrainienne de haut niveau dont le chef de la diplomatie Andriï Sybiga, et des conseillers à la sécurité britannique et allemand, ont également participé aux réunions à Paris.

Une "coalition des volontaires"

Depuis que le président Trump a effectué un rapprochement spectaculaire avec Vladimir Poutine et dit tenter d'obtenir un cessez-le-feu en Ukraine, les Européens ont été quasiment exclus des discussions.

Le président Emmanuel Macron s'est entretenu avec Volodymyr Zelensky à l'issue des réunions, après lui avoir parlé par téléphone en amont des discussions. Le président ukrainien avait appelé jeudi matin à faire "pression" sur le Kremlin pour "mettre fin à (la) guerre et garantir une paix durable".

Ce troisième déplacement en Europe du secrétaire d'Etat américain intervient alors que des négociations, lancées par l'administration Trump pour une trêve dans le conflit ukrainien qui a débuté en février 2022, peinent à progresser.

Sous la pression de Washington, Kiev avait accepté une cessation sans conditions des combats pour 30 jours, ignorée par la Russie. Steve Witkoff a rencontré le président russe pour la troisième fois début avril. Lundi, il a déclaré que les discussions étaient "sur le point" de permettre des avancées.

Parallèlement au rapprochement avec Moscou de l'administration Trump, Paris et Londres ont monté une "coalition des volontaires", composée d'une trentaine de pays alliés de l'Ukraine travaillant notamment à la création d'une "force de réassurance" destinée à garantir un éventuel cessez-le-feu et empêcher toute nouvelle attaque de la Russie.

Mais un contingent militaire multinational en cas de paix, souhaité par Kiev, est une ligne rouge pour Moscou. Et le sujet n'a pas été abordé en détail dans les compte-rendus émis jeudi par la France. "Les Américains sont prêts à discuter de la question des garanties de sécurité", s'est borné à dire la présidence française.

Hugo Capelli et Juliette Brossault avec AFP