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Élysée

"Changeons tout cela": Ferrand regrette "la limitation du mandat présidentiel dans le temps"

Emmanuel Macron parle avec le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand (D), le 5 avril 2022 à Spézet, dans le Finistère

Emmanuel Macron parle avec le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand (D), le 5 avril 2022 à Spézet, dans le Finistère - Ludovic MARIN © 2019 AFP

L'ancien président de l'Assemblée nationale, désormais en retrait après sa défaite aux dernières législatives, considère que la limitation à deux mandats présidentiels successifs, prévue par la Constitution, "corsète notre vie publique dans des règles qui limitent le libre choix des citoyens".

Une prise de position qui lui vaut d'être taxé de "dérive autocratique". L'ex-président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand, en retrait de la vie politique depuis sa défaite aux dernières législatives, est sorti du silence à l'occasion d'une interview pour Le Figaro.

Resté proche du pouvoir - il participe à des réunions stratégiques à l'Élysée - l'ancien socialiste se montre favorable à une modification de la Constitution pour mettre fin à "la limitation du mandat présidentiel dans le temps, le non-cumul des mandats, etc...". Actuellement, le texte suprême précise dans son article 6 que "nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs".

"Changeons tout cela"

En conséquence, Emmanuel Macron ne pourra pas se représenter lors de la prochaine présidentielle, en 2027, après ses deux quinquennats. "À titre personnel, je regrette tout ce qui bride la libre expression de la souveraineté populaire", explique Richard Ferrand.

À ses yeux, "tout cela corsète notre vie publique dans des règles qui limitent le libre choix des citoyens. Ça affaiblit notre vie politique en qualité et en densité, et la rend moins attractive." "Changeons tout cela", enjoint-il, tout en "préservant le bicamérisme et le Conseil constitutionnel, gardien vigilant des principes républicains et des libertés publiques."

"Et pourquoi pas restaurer l'Empire?"

Ces déclarations, n'ont pas manqué de faire réagir. D'autant plus dans un contexte où l'exécutif est régulièrement accusé par les oppositions de "piétiner la démocratie", notamment après être passé en force sur la réforme des retraites.

"Et pourquoi pas restaurer l'Empire avec Macron 1er?", a tancé Mathilde Panot, cheffe de file des députés insoumis, qualifiant Richard Ferrand de "visage de la dérive autocratique de la Macronie". "Pour certains la VIe République ressemble plutôt à la Restauration ou l’Empire", a également fustigé Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste.

"Panurgisme imbécile"

Certains élus ont vu l'ombre du président de la République derrière ces déclarations. "Personne n'est dupe: c'est juste Macron qui envoie un ballon d'essai pour tester l'idée", a estimé l'insoumis Bastien Lachaud. Même refrain pour son collègue Antoine Léaument: selon lui, "personne ne croira que Ferrand n’est pas ici le porte-parole de la volonté de Macron."

Après que ce passage a été largement commenté, le principal intéressé a réagi en début de matinée, pour dénoncer un "panurgisme imbécile". "Consternant de voir s’agiter réseaux sociaux et médias paresseux sur une proposition stupide que je ne fais pas dans un entretien pour Le Figaro: modifier la constitution pour la présidentielle de 2027", a-t-il écrit sur Twitter.

Baptiste Farge