Présidentielle: la présidente de l'université de Nantes appelle les étudiants à "faire barrage à l'extrême droite"

L'Université de Nantes est présidée par Carine Bernault depuis juillet 2020. - Wiki Commons
Elle sait son message "inhabituel" mais le juge "indispensable". Ce mercredi après-midi, les plus de 37.000 étudiants et de 4000 membres du personnel de l'université de Nantes ont reçu un courriel de la part de leur présidente qui fait réagir. Carine Bernault écrit ainsi à la communauté universitaire lui demandant de "faire barrage à l'extrême droite et donc au Rassemblement national" lors du second tour de l'élection présidentielle ce dimanche 24 avril.
"La discrimination, l’exclusion, le repli sur soi ne seront jamais une solution, indique le courrier. La différence est une richesse, la contradiction est l’essence même de l’université. Parce que les fondements de l’université sont en cause, je vous appelle solennellement à voter le 24 avril pour faire barrage à l’extrême droite et donc au Rassemblement national. Quel que soit le résultat le 24 avril, vous pouvez compter sur mon engagement pour défendre nos valeurs", peut-on lire dans le courriel.
"Attachement aux valeurs démocratiques et républicaines"
Celle qui a été élue à la tête de l'Université de Nantes en juillet 2020 explique son message en le motivant par "son attachement aux valeurs démocratiques et républicaines, à l’État de droit, au respect des droits fondamentaux et individuels, à la liberté d’expression et à la construction européenne".
Une prise de position certes exceptionnelle mais néanmoins en accord avec celle publiée la veille par France Universités, organisme qui rassemble les dirigeants des universités "afin de porter la voix et les valeurs des universités dans le débat public".
Cette dernière était même plus tranchée puisqu'elle appelle directement à "voter pour Emmanuel Macron".
Réactions à droite
Un courriel qui fait réagir, notamment à droite et à l'extrême droite de l'échéquier politique. Selon Jordan Bardella, président du Rassemblement national, il constitue "une faute lourde". Stanislas Rigault, porte-parole du parti d'Eric Zemmour, dénonce de son côté la pratique et se demande si "les électeurs RN de cette fac sont mis de côté avec Carine Bernault".
Interrogé à ce sujet par Le Figaro, Serge Slama, professeur de droit public à l'Université Grenoble Alpes, n'est pas aussi affirmatif.
"En tant que professeur des universités, Carine Bernault a une liberté d'expression très forte. Un universitaire peut prendre parti dans le débat public. Prenez la tribune des universitaires qui ont appelé à voter Mélenchon. Le problème, c'est qu'elle n'est pas que professeur, elle est aussi présidente. Elle exerce une fonction officielle et représente l'université, ce qui implique une certaine neutralité. Son opinion n'est pas forcément celle de toute la communauté éducative. Je ne parlerais pas de faute, mais d'ambiguïté", explique-t-il.