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Présidentielle: Christiane Taubira tente de faire sa mue écologiste

Un passant devant une affiche de Christiane Taubira en janvier 2022 à Paris

Un passant devant une affiche de Christiane Taubira en janvier 2022 à Paris - JOEL SAGET / AFP

L'ancienne garde des Sceaux veut convaincre de la sincérité de son engagement écologiste. Sa conversion semble cependant tardive et son absence d'engagement contre la Montagne d'or, un projet d'exploitation minière en Guyane, ne joue pas en sa faveur.

En visite ce jeudi sur l'Île d'Oléron, Christiane Taubira tente de revêtir les atours écologistes en se mettant en scène lors d'une visite dans une station d'épuration puis en balade sur une plage. Peu identifiable sur le sujet du réchauffement climatique, l'ancienne garde des Sceaux veut se servir de sa victoire à la Primaire populaire pour imprimer sa marque sur les sujets environnementaux.

L'ancienne ministre de la Justice est-elle dans une posture électoraliste ou sincèrement intéressée par la cause environnementale? Éléments de réponse.

"Je travaille depuis longtemps sur le sujet"

"Je suis une vraie écologiste depuis des années". Alors que la parole de la candidate à la présidentielle se veut souvent lyrique, elle a souhaité parler clair dans une longue interview à Libération fin janvier.

"Contrairement aux procès qu’on me fait, je travaille depuis longtemps sur ce sujet. L’écologie, c’est répondre au bouleversement climatique et à la destruction de la biodiversité. Moi, en Amazonie, je sais ce qu’est la biodiversité. Au début des années 1990, quand je n’étais pas encore élue, je me suis battue contre le barrage EDF de Petit-Saut, chez moi, en Guyane", détaille ainsi l'ancienne député.

À son actif, Christiane Taubira décompte une circulaire aux procureurs les invitant à renforcer la lutte contre "la criminalité écologique" quand elle était place Vendôme ou encore ses déplacements à deux-roues.

"Regardez mon mode de vie: à part l’avion, parce que je ne peux pas traverser l’Atlantique à la nage, je suis arrivée à l’Assemblée nationale en 1993 avec mon vélo!", souligne-t-elle encore dans les colonnes de quotidien.

Avant de lancer enfin une pique aux écologistes. "En 2009, Daniel Cohn-Bendit me demande d’être marraine de sa liste. En 2019, Monsieur Jadot me demande de conduire la liste aux européennes. Peut-être qu’il faut le lui rappeler", explique ainsi Christiane Taubira qui n'a que peu goûté l'appel de Yannick Jadot fin décembre à le "rejoindre".

"Rien à dire"

Ce parcours ne semble cependant pas convaincre sur les bancs des écologistes, à l'instar de Julien Bayou, le secrétaire général du parti.

"Je ne connais pas son projet, je constate qu'elle n'est pas particulièrement écologiste.(...) Elle a appelé Yannick Jadot, elle n'avait rien à lui dire et puis voilà", a-t-il jugé ce jeudi sur France info.

"Comme toutes les candidatures de gauche, Christiane Taubira est dans l'obligation d'avoir un pavillon vert. Mais elle n'a jamais fait pris le temps de digérer les enjeux écologiques, de se les approprier pour bien les comprendre. Je n'ai vraiment souvenir de grandes actions de sa part sur ces sujets", remarque de son côté Daniel Boy, professeur à Sciences-Po et spécialiste de l'écologie politique auprès de BFMTV.com.

"Les grands défenseurs de la nature, des donneurs de leçons"

Christiane Taubira a d'ailleurs un caillou dans la chaussure: la Montagne d'or, en Guyane. Sur ce projet minier très contesté, l'ancienne ministre s'est toujours gardée de prendre position.

"Je ne suis pas forcée d'être dans un camp. Ni dans celui des grands défenseurs de la nature, donneurs de leçons souvent ignorants de l'histoire de ce pays (...) J'estime qu'on peut être contre ce projet sans être cornaqué par les professionnels de l'interdit. On n'est pas obligé pour cela de rejoindre le camp des affairistes avec leur escorte de ramasse-miettes", a ainsi expliqué l'ex-députée au micro de Guyane la 1ère.

"Si elle croit que Yannick Jadot va l'épargner sur ce sujet, elle se trompe. On attend de voir si elle se dégonfle un peu et après on va lui rappeler à chaque occasion", lâche ainsi un proche du candidat auprès de BFMTV.com.

Devant Jadot

C'est que les courbes des sondages inquiètent au sein du camp de Yannick Jadot. Depuis sa victoire à la Primaire populaire dimanche dernier, la candidate est passée devant dans les intentions de vote. Elle récolte désormais 6% des intentions de vote contre 4,5% pour l'écologiste dans le dernier sondage Elabe pour BFMTV et L'Express.

De quoi tenter de l'amadouer.

"J’adore cette femme (...). Je rêve d’une chose, c’est qu’elle nous rejoigne, qu’on fasse une équipe de combat pour aller dans cette présidentielle et qu’on change les choses", a ainsi lancé Sandrine Rousseau, la présidente du conseil politique de la campagne de l'écologiste, ce jeudi sur RMC.

Sans grand succès pour l'instant. Christiane Taubira avait prévenu quelques minutes après sa victoire à la Primaire populaire, lors de son discours à la tribune: "Nous n'avons pas le droit d'abandonner".

Marie-Pierre Bourgeois