Passe d'arme entre les écologistes et le gouvernement autour d'un rapport sur l’avenir de l'électricité

Yannick Jadot à gauche, Barbara Pompili à droite. - AFP
"Complotisme" contre "manipulation". C’est un rapport présenté lundi sur l'avenir de l'électricité en France à l'horizon 2050 qui déchaîne les passions entre le gouvernement et les écologistes.
Invitée de la matinale de France Inter ce mardi matin, la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a dénoncé le comportement "honteux" du candidat écologiste Yannick Jadot, tandis que ce dernier a continué de dénoncer le "choix politique" d’un gouvernement "obsédé par le nucléaire", dans la matinale de LCI.
Lundi, le candidat Vert a accusé la présentation des scénarios du Réseau de transport électrique (RTE) d'être "partielle et donc partiale", dénonçant une "manipulation du gouvernement" sur son compte Twitter.
"Ce qu’il est en train de faire c’est simplement parce que ce rapport remet en cause ses convictions. C’est dénoncer le messager plutôt que de regarder le message, c’est très grave", a blâmé Barbara Pompili.
Un gouvernement "faible vis-à-vis des lobbys"
Le rapport, très attendu du gestionnaire du réseau électrique, préconise six scénarios pour atteindre la neutralité carbone dans la production d'électricité d'ici à 30 ans. L’épais rapport de 650 pages estime que cet objectif de neutralité nécessite le maintien d’une forte part de nucléaire dans le mix électrique, à associer avec le développement des énergies renouvelables.
C’est sur cette base que le gouvernement pourrait donner son feu vert à la construction de nouveaux EPR. De quoi faire bondir les partisans de la sortie du nucléaire. "Macron a toujours défendu les EPR", a avancé le candidat écologiste Yannick Jadot sur LCI, déplorant le comportement d’un gouvernement "très faible vis-à-vis des lobbys."
Dans le Parisien lundi, la ministre, ex-EELV, a accusé le candidat Vert de se montrer "irresponsable" et lui a demandé d’expliquer "comment (faire) concrètement" pour sortir du nucléaire en vingt ans. Avant d’élargir sa critique à Jean-Luc Mélenchon, qui assure vouloir quitter l’atome avant 2030. "Il faut arrêter de se vautrer dans le simplisme", a-t-elle fustigé dans les colonnes du journal.
"Une entité indépendante" et deux ans de travail
"La manipulation de RTE, sous pression du gouvernement, qui consiste à évacuer ses propres scénarios de sobriété au moment où explose la précarité énergétique dans notre pays est choquante", ont écrit lundi l’eurodéputé Yannick Jadot, le député écologiste de Maine-et-Loire Matthieu Orphelin, et la porte-parole d’EELV Eva Sas.
Dans ce communiqué, les Verts demandent d’inclure la variante "sobriété", ce qui réduirait le niveau d’électricité requis, et donc, la part du nucléaire. En clair, lutter contre la précarité énergétique pour consommer moins, ou accélérer l’investissement dans les énergies renouvelables. Un seul scénario sans nucléaire est prévu dans le rapport.
"Il y a des questions dont on peut débattre", a reconnu Barbara Pompili, "notamment sur la sobriété", précisant que "tous les scénarios de RTE nécessitent de baisser de 40 % notre consommation d’énergie."
Avant tout, la ministre a défendu le sérieux d’un rapport "qui a été fait par une entité indépendante pendant 2 ans" et fustige l’idée de "manipulation." "Quelqu'un qui se présente à l'élection présidentielle ne devrait pas se comporter comme ça", a-t-elle glissé. À quelques jours de la COP26 de Glasgow, les questions énergétiques vont continuer d'attiser les débats de la présidentielle.