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Présidentielle

En 2019, Pécresse avançait des arguments similaires à ceux de Woerth pour justifier son départ de LR

Valérie Pécresse et Éric Woerth, le 30 juin 2018 à Menton

Valérie Pécresse et Éric Woerth, le 30 juin 2018 à Menton - VALERY HACHE / AFP

Lors de son départ de LR en 2019, où elle a repris la carte à l'automne dernier en vue de la primaire, Valérie Pécresse avait mis en avant la "ligne conservatrice" de la formation politique. Des arguments qui ne sont pas sans rappeler ceux soulevés par Éric Woerth mercredi.

Nouveau coup dur pour la candidate Les Républicains (LR) à la présidentielle Valérie Pécresse. Dans le creux de la vague sondagière, avec une campagne qui semble marquer le pas, la candidate doit par-dessus essuyer le départ d'une figure historique de sa famille politique. Dans un entretien au Parisien mis en ligne mercredi, l'ancien ministre du Budget de Nicolas Sarkozy, Éric Woerth, a annoncé son ralliement à Emmanuel Macron.

"Je constate avec tristesse et regrets l'incapacité de notre mouvement durant ces cinq dernières années à avoir su renouveler ses idées, affermir son socle de convictions et tracer des perspectives pour notre pays", argue notamment le député de l'Oise dans son courrier au président LR Christian Jacob, dans lequel il annonce sa mise en congé de la formation politique.

"Valérie Pécresse et Xavier Bertrand sont partis en leur temps des Républicains pour les mêmes raisons qui sont les miennes aujourd'hui", invoque-t-il aussi.

"Course-poursuite sur les sujets sécuritaires", pour Woerth

Dans son entretien au Parisien, Éric Woerth prend le soin de rappeler son "respect" et son "amitié" pour Valérie Pécresse, rejetant toute "question personnelle". "Je n'adhère pas au discours de LR qui décrit une France qui n'est pas tout à fait la mienne, une France nostalgique, recroquevillée sur elle-même", cingle le sarkozyste.

"Je crois en un modèle de progrès, français et européen. Je m'intéresse plus à la France de mes enfants qu'à celle de mon enfance. La mission d'un président est de rendre les Français collectivement plus heureux. On ne peut pas, par ailleurs, n'être obnubilé que par l'islamisme radical, même si c'est fondamental", justifie le désormais ex-LR, fustigeant "une forme de course-poursuite entre les candidats sur les sujets sécuritaires" et dénonçant une "dérive" de son parti. "Où sont les perspectives?", interroge-t-il.

Des arguments qui ne sont pas sans rappeler ceux mis en avant par Valérie Pécresse en 2019, lors de son propre départ du parti. "Sans doute pour les mêmes raisons, Valérie (Pécresse, NDLR), comme Xavier Bertrand, a considéré que l'avenir de la droite s'écrivait en dehors de LR. Mais elle n'y est revenue que pour appuyer sa propre candidature", croit savoir Éric Woerth.

Quand Pécresse critiquait la "ligne conservatrice" de LR

Le départ de Valérie Pécresse était intervenu le 5 juin 2019, quelques jours après la débâcle des Républicains aux élections européennes, qui avait précipité la démission de Laurent Wauquiez. Au journal télévisé de France 2, la présidente de la région Île-de-France avait dit avoir "acquis la conviction que la refondation de la droite ne pourra(it) pas se faire à l'intérieur et qu'elle (devait) se faire à l'extérieur du parti".

"J'ai fait le constat, et c'est un constat malheureusement attristé, que même si Laurent Wauquiez était parti, la ligne qu'il avait définie, c'est-à-dire une ligne conservatrice, était la ligne des Républicains, et je n'arriverai pas à la changer", avait justifié Valérie Pécresse quelques jours après sur BFMTV. "Je ne pouvais plus être utile à mon pays dans mon parti", avait-elle également lancé.

"Tous ceux qui sont aujourd'hui dans le parti, qui sont aux responsabilités dans le parti, y compris les parlementaires, ne souhaitent pas ouvrir une réflexion sur la France d'aujourd'hui", avait conclu la fondatrice de Libres!

Des pierres d'achoppement qui se rapprochent donc fortement de ceux mis en avant par Éric Woerth, qui cultivait une certaine discrétion depuis la primaire de la droite. Si Valérie Pécresse, tout comme Xavier Bertrand, avaient tous deux fait le choix de revenir au bercail à l'automne et de reprendre leur carte d'adhérent pour se soumettre au congrès en vue de la présidentielle, la rupture entre le parti de la rue de Vaugirard et Éric Woerth semble consommée.

Sur Twitter, mercredi, le compte officiel de LR s'est fendu d'un commentaire acide à l'endroit du transfuge: "Les élections présidentielles révèlent toujours les hommes et les femmes de conviction."

Clarisse Martin Journaliste BFMTV