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Municipales à Paris: NKM face au casse-tête des listes

Nathalie Koscuisko-Morizet est opposée à Anne Hidalgo pour la mairie de Paris mais doit faire face à des tensions dans son propre camp

Nathalie Koscuisko-Morizet est opposée à Anne Hidalgo pour la mairie de Paris mais doit faire face à des tensions dans son propre camp - -

Mardi, la candidate UMP à la ville de Paris Nathalie Koscuisko-Morizet a apporté son soutien à Florence Berthout dans le Ve arrondissement contre Jean Tibéri. Une annonce qui passe mal et qui s'ajoute aux nombreuses luttes d'influence pour occuper la tête des listes UMP en mars prochain.

Depuis le départ, Nathalie Koscuisko-Morizet savait que sa quête de Paris ne serait pas un long fleuve tranquille. Une fois la primaire pour le poste balayée facilement, ce sont désormais les barons de son parti qui lui font des scènes de ménage. Nombre de ces derniers ne souhaitent pas lâcher leur poste et laisser place nette au "renouveau" voulue par l’ancienne porte-parole de Nicolas Sarkozy lors de la campagne présidentielle de 2012. Le premier d’entre eux est une figure bien connue puisqu’il s’agit de l’ancien édile de la capitale: Jean Tibéri.

Le maire sortant du Ve arrondissement, soutenu par son fils Dominique, n’a pas tardé à juger "scandaleux et suicidaire" son éviction au profit de Florence Berthout dont la proposition de se porter candidate serait vue d’un bon œil par l’équipe de NKM, selon l’interview qu’elle a accordé au Parisien ce mardi. En effet, les affaires judiciaires qui touchent depuis des dizaines d’années Jean Tibéri sont contraires aux valeurs défendues au siège de campagne de l'ex-élue de Longjumeau. Condamné en mars 2013 à 10 mois de prison avec sursis et à 3 ans d'inéligibilité dans l'affaire des faux électeurs, le successeur de Jacques Chirac s'est pourvu en cassation, ce qui suspend l'exécution de sa peine.

NKM "panique"

"Florence Berthout m’a proposé d’être le chef de file de l’alternance dans le Ve", a confirmé Nathalie Koscuisko-Morizet mardi sur France Info avant d’ouvrir la porte à Dominique Tibéri, "bienvenu sur la liste". "Je ne vois pas comment je peux être numéro 2", a répondu ce dernier à l’AFP, estimant que l’équipe de campagne de NKM "panique" et est "un peu sur les nerfs". Au Lab d'Europe 1, son père s'est interrogé sur la pertinence de faire du Ve arrondissement "un cas particulier".

Surtout, l'adoubement matinal que "Jean Tibéri doit entendre", survient longtemps avant l’annonce officielle des têtes de liste à droite. A l'inverse de la concurrente socialiste Anne Hidalgo, qui doit donner ses noms vendredi, après être parvenue à régler les conflits de personnes dans son propre camp, les têtes de listes UMP ne doivent théoriquement pas être communiquées avant le mois de novembre. Et pour cause, le cas Tibéri n’est qu’un souci parmi d’autres.

Le soutien de Dati

En premier lieu, dans le XIVe arrondissement, choisi par Nathalie Koscuisko-Morizet en personne pour s’implanter, l’ancienne ministre fait face à la dissidence de Marie-Claire Carrère-Gée, ancienne collaboratrice de Jacques Chirac, et qui a annoncé qu’elle n’acceptera pas un rôle de faire-valoir. "NKM à Paris, c'est poussez-vous les élus", déclarait-elle à BFMTV.com dès le mois de juillet dernier. Mais parmi les huit arrondissements actuellement sous mandat de la droite, nombreux sont sujets à débat.

Dans le VIIIe, François Lebel, fragilisé par des propos jugés homophobes au moment du débat sur le mariage pour tous, n’entend pas lâcher sa place, tout comme Michel Dumont dans le VIIe espère venir disputer le bout de gras à Rachida Dati, imposée à sa place il y a cinq ans. Opposantes à l’origine dans la course à l’Hôtel de Ville, les deux femmes paraissent avoir réglé leurs désaccords, notamment lors d'une sortie commune marquée par une certaine virulence à l'égard des Roms. Une concurrence qui ne devrait pourtant pas menacer l'ancienne Garde des Sceaux, mais pourrait limiter sa liberté de s'entourer uniquement de proches.

Des intouchables

Dans les arrondissements tenus par la gauche rien n'est aisé non plus. Notamment dans le crucial et convoité XIIe arrondissement où NKM voudrait engager sa porte-parole Valérie Montandon. Mais la candidate UMP s'aperçoit chaque jour un peu plus des difficultés de redessiner le paysage parisien. Ainsi, Jean-François Legaret (Ier), Jean-Pierre Lecoq (VIe), Philippe Goujon (XVe), Claude Goasguen (XVIe) et Brigitte Kuster (XVIIe) paraissent intouchables mais font tout de même connaître leur attention portée au sujet.

Comme par exemple dans le dernier cité où l'arrivée comme numéro 2 potentiel, et adjoint à la sécurité, de l'ancien directeur général de la police nationale Frédéric Péchenard, est scrutée parce que le député Bernard Debré, soutien des premiers instants de NKM, lorgnait dessus. Entre renouveau et assise parisienne, Nathalie Koscuisko-Morizet et son équipe se réservent certainement de nombreuses nuits blanches... rue de la Lune, son siège du IIe arrondissement.

Samuel Auffray