"Si cela doit être moi, je le fais": Laurence Tubiana se dit prête à être Première ministre

L'économiste et diplomate du climat Laurence Tubiana sort du silence. Envisagée par une partie du Nouveau Front populaire pour le représenter à Matignon, elle s'est dite prête à devenir Première ministre dans un entretien accordé à l'AFP ce jeudi 18 juillet, une heure avant le début du vote pour la présidence de l'Assemblée nationale.
"Je ne demande rien, mais c'est le moment de l'engagement et cela me correspond", indique l'architecte de l'accord de Paris, âgée de 73 ans.
"Quand il y a une crise politique, il faut y répondre. Il y a besoin d'une personne de gauche, si cela doit être moi je le fais", ajoute cette universitaire, issue de la société civile et jamais encartée après une brève expérience dans sa jeunesse à la Ligue communiste révolutionnaire.
"Même si le Nouveau Front populaire (NFP) n'a pas gagné la majorité absolue, il a obtenu un succès qui répond à l'urgence sociale et écologique", analyse celle qui fut choisie sous François Hollande pour mener l'équipe de négociation française à la COP21.
"Il faut abroger la réforme des retraites"
"C'est donc une politique de gauche qu'il faut faire et non pas chercher un barycentre", comme le prétend le camp présidentiel, défend cette négociatrice chevronnée, qui doit désormais réussir l'exploit d'unir le NFP derrière elle.
"On a une boussole, une ambition, les électeurs l'ont indiqué: le programme du Nouveau Front populaire", martèle-t-elle.
Le futur gouvernement devra rétablir la "justice fiscale", assurer "la relance du dialogue social sur les salaires" et remettre à plat la réforme des retraites: "Il faut abroger la réforme, la geler, tout ce qu'on veut, mais on ne l'applique pas", estime Laurence Tubiana, qui souhaite aussi abroger la loi immigration.
Trop "Macron-compatible" selon LFI
Cette économiste qui dirige la Fondation européenne pour le climat fait partie des noms proposés par le Parti socialiste, les Écologistes et le Parti communiste pour la course à Matignon.
Face à elle, les insoumis avaient soutenu Huguette Bello, présidente de la région de La Réunion, avant qu'elle ne décline face à l'absence de consensus. Les mélenchonistes ont demandé mercredi que son nom soit rééxaminé par l'ensemble des partis de gauche. Jugeant Laurence Tubiana trop "Macron-compatible".
"J'ai refusé trois ou quatre fois d'entrer au gouvernement sous Emmanuel Macron, car j'étais en désaccord avec sa politique", leur répond Laurence Tubiana.
La diplomate du climat compte bien mettre en avant sa capacité à "gagner des majorités à l'Assemblée nationale" et à "arracher le plus possible de choses en trouvant des consensus".
Auprès de l'AFP, elle s'est dit "obsédée" par le nombre d'électeurs qui ont choisi le Rassemblement national: "il faut aller en chercher certains parce qu'ils sont en colère, ils pensent qu'on ne s'occupe pas d'eux. Les gilets jaunes, c'était aussi ça", a-t-elle déclaré.
"François Ruffin a dit quelque chose de très bien: il faut être bienveillant. Ne pas brutaliser la société, c'est quand même la base de la démocratie, non?", conclut-elle, espérant créer consensus autour de sa personnalité.