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Elections européennes en prison: succès du vote par correspondance, le RN en tête

Un détenu de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis vote pour les élections européennes, le 22 mai.

Un détenu de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis vote pour les élections européennes, le 22 mai. - Philippe Lopez - AFP

Avec un taux de participation à 84,78%, l'expérimentation du vote par correspondance en détention connaît un succès inédit. Comme à l'échelle nationale, la liste de Jordan Bardella rassemble le plus de voix.

Après une soirée de dépouillement à la Chancellerie, le résultat du premier vote par correspondance en détention est tombé peu après 23 heures ce dimanche. Sur les 5184 détenus autorisés à participer au scrutin européen, 4395 ont finalement voté, dont une majorité pour la liste menée par Jordan Bardella, avec 23,52% des voix. Avec une participation à 84,78%, les détenus ont été cinq fois plus nombreux à voter que lors de la présidentielle. Un chiffre qui ne prend pas en compte le vote par procuration et les autorisations de sorties.

Les participants, dont tous devaient être majeurs, Français et bien sûr ne pas être déchus de leurs droits civiques, ont donc largement plébiscité la liste du Rassemblement national, avec 956 bulletins, soit 23,52% des voix. La liste de la France insoumise arrive en seconde position (19,68%) et celle de la Renaissance (LaREM/MoDem) en troisième, en récoltant 9% des voix, talonnée par la liste EELV (8,93%).

Isoloirs dans la salle des cultes ou la bibliothèque

Ce vote par correspondance était une promesse de longue date de la Garde des Sceaux. Inclus dans la loi de programmation de la justice, il a été validé de justesse par le Conseil constitutionnel en mars dernier. Les consignes envoyées aux directeurs de prison stipulaient de transmettre la propagande électorale à chaque détenu et d’installer des bureaux de vote au sein des 188 établissements pénitentiaires.

Dans les faits, chaque prison s’est accommodée, parfois avec les moyens du bord, pour organiser au mieux le scrutin. Le recoin d’une salle a servi d’espace de confidentialité à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, où l’on comptait 472 inscrits.

A l’inverse, des isoloirs en carton ont été installés dans la salle des cultes du centre pénitentiaire de Poitiers. La prison de Besançon a quant à elle organisé le vote dans sa bibliothèque, avec des isoloirs fermés par des rideaux, comme dans les bureaux de vote classique. 

"Soulagement" et "fierté"

S’il faut désormais attendre le rapport gouvernemental pour tirer toutes les conclusions de l’expérimentation, le nombre de demande d’inscription de prisonniers sur les listes électorales, à savoir 9502, la participation finale tout comme le bon déroulement global du scrutin sont autant de preuves de réussite, juge la direction de l'administration pénitentiaire (DAP):

"Aucun incident n'a été signalé durant les votes dans les prisons. Le rapatriement des bulletins et le dépouillement se sont bien passés, c'est donc un soulagement, surtout avec ce timing serré. Nous sommes fiers d'avoir organisé ce scrutin qui n'a pas d'équivalent", déclare-t-elle à BFMTV.com.

Un engouement partagé par François Korber, délégué général de l’association Robin des Lois:

"Les modalités du vote ont été semblables à celles que l'on réclamait depuis longtemps. La participation a été importante. On ne peut que se réjouir", estime-t-il.

Si le mode de scrutin semble difficilement adaptable aux élections municipales de 2020, la DAP espère reproduire l'expérience aux prochains scrutins nationaux à circonscription unique, telle que la présidentielle. "Les détenus sont des citoyens comme les autres", rappelle-t-elle. 

Esther Paolini