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EDITO - La réaction 2.0 de Nicolas Sarkozy au juge Gentil

Jean-François Achilli, directeur de la rédaction de RMC et éditorialiste RMC/BFMTV

Jean-François Achilli, directeur de la rédaction de RMC et éditorialiste RMC/BFMTV - -

Nicolas Sarkozy a réagi sur Facebook, quatre jours après sa mise en examen pour abus de faiblesse, qu’il juge "injuste et infondée". L’ex-président affirme qu’à aucun moment il n’a trahi les devoirs de sa charge. Ce message est le point d’orgue d’une stratégie de com' millimétrée.

C'est l’ex-directeur de la communication de Nicolas Sarkozy, rappelé en urgence vendredi dernier, comme les autres membres de "la Firme", qui a eu l’idée de Facebook et a conseillé à son ancien patron de ne pas se précipiter au 20h de TF1 et de laisser les choses se décanter durant le week-end. "Il fallait à la fois un message direct, sans intermédiaire, calibré par lui-même, survenant à la fin du pic de crise", explique Franck Louvrier.

Un message sur un réseau social plutôt qu'une télé, pourquoi ce choix?

Nicolas Sarkozy a choisi de s’exprimer par écrit, en prenant du recul - le ton est mesuré à l’égard de la justice en qui il dit avoir "confiance". L’intérêt de Facebook était de susciter des messages de soutien, tout en gardant le silence: l’ex-président n’a plus donné d’interview officielle depuis sa défaite le 6 mai. Petit clin d’œil: Nicolas Sarkozy qui n’utilise jamais d’ordinateur a rédigé son texte à la main. Ses équipes l’ont retranscrit sur Facebook.

Et ça marché? Il y a 75.000 "like" au compteur... les fameux "j'aime ça"...

Les POUR sont ultra-majoritaires, à l’image de Nathanaël qui a posté hier soir: "Je vous le demande comme un service: revenez M. le Président". Il y a quelques CONTRE, Noémie, qui écrit: "Crier haro sur la justice ne constitue pas une preuve d'innocence. Laissons-là justice faire son travail".

Le dispositif ne se limite pas à ce seul message...

La riposte judiciaire a été confiée à l’avocat et ami Maître Thierry Herzog qui est monté en première ligne sur le fond du dossier. Les snipers de la garde rapprochée se sont déployés dans un même temps sur le terrain du politique. Brice Hortefeux, les époux Balkany, les responsables de l’UMP, comme Jean-François Copé. Des éléments de langage ont été répétés en boucle, comme cette tirade: "vous imaginez un président de la République aller voir une vieille dame pour lui soutirer de l’argent".

Il y a enfin Henri Guaino, qui affronte personnellement le juge Gentil...

"Je ne suis pas un sniper, mais un artilleur", explique l’ex-plume devenue député, qui accuse Jean-Michel Gentil de déshonorer la justice. Le juge va le citer à comparaitre pour outrage à magistrat. Henri Guaino est là pour faire diversion et politiser le dossier. Nicolas Sarkozy va tenter de gagner le combat dans l’opinion, pendant sa bataille judiciaire dont l’issue est incertaine.

||| Jean-François Achilli

Directeur de la rédaction de RMC et éditorialiste RMC/BFMTV

Il intègre la rédaction de France Inter en 1998, puis le service politique en 2000, dont il prend la direction en septembre 2008. Il rejoint RMC en décembre 2012 comme directeur de la rédaction et éditorialiste RMC/BFMTV.

>> Suivez-le sur Twitter @jfachilli et sur son blog.