Déploiement de militaires samedi: Mélenchon les appelle à "ne pas tirer", Philippe lui répond

Après avoir déjà dénoncé mercredi soir sur notre antenne la volonté du gouvernement de déployer ce samedi des militaires de l'opération Sentinelle autour des édifices publics lors de la prochaine manifestation de gilets jaunes samedi, Jean-Luc Mélenchon a développé son propos plus en longueur et en solennité. Ce vendredi, depuis l'Assemblée nationale, le député élu dans les Bouches-du-Rhône et leader de la France insoumise a ainsi lancé un double appel.
"Le premier aux militaires eux-mêmes, pour qu'ils sachent que nous avons parfaitement compris que leur avis n'a pas été sollicité. Qu'il n'est même pas certain que le chef d'état major des armées ait été informé (...) et qu'il n'a donc pas été en situation de donner son point de vue" sur la mobilisation de l'armée lors des manifestations de "gilets jaunes", a déclaré le député des Bouches-du-Rhône.
Rappelant les tâches de défense qui font le travail des militaires, distinctes du travail policier, il s'est adressé à l'armée: "La vérité, c’est que (...) la relation armée-nation, l’idée que nous nous faisons de nous-mêmes, nous Français, l’image de notre République, sont à la merci, à la portée d’un seul provocateur."
Il demande aux militaires de ne pas tirer même s'ils en reçoivent l'ordre
Ce vendredi matin sur Franceinfo, le gouverneur militaire de Paris, le général Bruno Le Ray, a expliqué que les soldats avaient "différents moyens d'action pour faire face" à une éventuelle menace. Interrogé à ce sujet, il notait encore que les militaires pourraient "aller jusqu'à l'ouverture du feu (...) si leur vie est menacée ou celle des personnes qu'ils défendent". Faisant référence à cette déclaration, disant y voir "l'explication la plus claire et la plus nette de ce qu’est le comportement normal d’une force armée", Jean-Luc Mélenchon a ajouté que ce "comportement (prenait) une tout autre signification lorsqu'il s'agit de la relation à des manifestants". Il a enchaîné:
"Nous voulons dire à nos militaires que notre confiance en eux est totale. Et nous leur demandons conformément au droit qui leur est reconnu et au devoir qui leur est imposé de n’accomplir aucun acte contraire aux coutumes de la guerre et aux conventions internationales et quand bien même ils en recevraient l’ordre qu’ils n’y obéissent pas, qu’ils ne tirent pas."
"Dissuader la violence" par le nombre
Désireux d'une "désescalade", l'homme politique a formulé alors son second appel:
"Les Insoumis appellent les Français à manifester par leur courage qu’aucune mesure d’intimidation ne contraindra jamais notre peuple et que notre peuple a compris que la liberté c’est toujours d’abord la liberté de celui qui n’est pas d’accord. J’appelle donc à une mobilisation intense ce samedi aux côtés et à l’appel des gilets jaunes."
Il a averti: "J’appelle tous ceux qui y participeront à faire tout ce qui est en leur pouvoir avec les méthodes pacifiques auxquelles ils doivent se tenir pour qu’aucune provocation ne soit possible. La violence ne peut ni ne doit jamais être une stratégie pour nous. (...) Il faut tout au contraire que par le nombre soit créée une ambiance qui dissuade de la violence."
Estimant que le gouvernement "s’honorerait à changer d’avis", il a eu un dernier mot à l'attention des militaires: "N’obéissez qu’aux ordres conformes à l’honneur de votre engagement et à votre devoir d’obéissance à la patrie."
La réponse de Philippe
Edouard Philippe s'est fendu d'une réponse à Jean-Luc Mélenchon sous la forme d'une lettre. Il y dit notamment:
"En aucune manière, il ne saurait être question d’engager des militaires des armées pour maintenir l’ordre, encore moins de les positionner en face de manifestants. La lutte contre le terrorisme est l’unique vocation du dispositif Sentinelle et des soldats que nous déployons dans ce cadre."