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Armes, missions, limites... Ce qu'il faut savoir sur la mobilisation de l'armée samedi 

Photo d'illustration - Militaire de la mission Sentinelle à la gare Montparnasse le 2 octobre 2017.

Photo d'illustration - Militaire de la mission Sentinelle à la gare Montparnasse le 2 octobre 2017. - Geoffroy Van Der Hasselt - AFP

Le gouvernement a décidé de faire appel aux militaires de Sentinelle pour venir alléger le travail des policiers et gendarmes lors du 19ème weekend de manifestation du mouvement des gilets jaunes. Mais quelle sera exactement la mission de ces soldats?

Pour encadrer le 19ème samedi de manifestation des gilets jaunes, le gouvernement a franchi un cap. A la suite des violences commises lors des rassemblements sur les Champs-Élysées samedi dernier, le président de la République Emmanuel Macron a demandé "la mobilisation renforcée du dispositif Sentinelle pour sécuriser les points fixes".

Quelle sera la mission des soldats?

Les militaires vont en fait remplacer les forces de l'ordre sur des missions de lutte anti-terroriste, spécialité de la mission Sentinelle, et non du maintien de l'ordre, assure le gouvernement. Ils seront mobilisés pour empêcher toutes dégradations ou attaques de certains bâtiments, des édifices religieux aux ambassades en passant par les gares, afin d'"alléger" le travail des policiers et gendarmes, explique la ministre des Armées Florence Parly dans Le Parisien ce jeudi.

"Il est utile que les Français sachent que grâce à Sentinelle, davantage de policiers et de gendarmes peuvent se consacrer à des opérations de maintien de l’ordre", déclare la ministre dans le quotidien. Elle parle d'un "effort de substitution" de la part des militaires.

Comment réagira un militaire face à un manifestant?

"Les militaires ne seront pas au contact des manifestants", martèle le ministère, "ils ne vont ni les fouiller, ni les arrêter, ni les appréhender". Il précise que les missions qui leur seront attribuées se trouvent "en dehors des zones de manifestations". D'ailleurs "les militaires ne garderont pas des lieux qui seraient dans les zones de manifestations comme l'Élysée, l'Assemblée nationale ou l'Arc de Triomphe", assure le ministère des Armées.

"Mais on a bien vu que les manifestations débordent" chaque semaine des parcours déterminés à l'avance, rappelle ce vendredi sur Dominique Rizet; notre consultant police justice. "On pourrait se retrouver dans une situation où par accident des manifestants ou des casseurs arriveraient au contact de Sentinelle".

Sur Franceinfo, plusieurs militaires témoignent anonymement, expliquant ne pas savoir comment réagir dans ce type de manifestations: "On n'est pas préparé à ça. Nous, en termes techniques, on lutte contre un ennemi. Et l'ennemi ne peut pas être la population, ce n'est pas possible", explique l'un d'eux.

Comment seront-ils armés? Pourront-ils ouvrir le feu?

Du côté des militaires, des inquiétudes au sujet de leur arsenal se font également sentir: "On n'a pas le matériel de protection que vont avoir les CRS, on n'a pas les protège-jambes, on n'a pas toute l'espèce de carapace qu'ils ont sur eux", explique un soldat sur Franceinfo.

Contrairement aux gendarmes ou policiers, les militaires Sentinelle n'ont pas non plus d'armes intermédiaires dans leur arsenal. "Ils ont leur fusil d'assaut, le FAMAS, et une arme de poing au calibre 9 millimètres mais aucune arme intermédiaire", telle que les fumigènes ou le LBD, qui servent à disperser et éloigner des manifestants, s'inquiète Dominique Rizet. L'utilisation de leur fusil d'assaut pourrait donc intervenir en cas de confrontation violente, sans autre alternative de lutte pour eux.

Les militaires "ont différents moyens d'action pour faire face à toute menace, ça peut aller jusqu'à l'ouverture du feu (...) Si leur vie est menacée ou celle des personnes qu'ils défendent", a déclaré sur Franceinfo ce vendredi le gouverneur militaire de Paris, le général Bruno Leray.
Salomé Vincendon