BFMTV
Politique

Dans une lettre interne, des Insoumis dénoncent le traitement réservé à un des membres du mouvement

Charlotte Girard et Jean-Luc Mélenchon.

Charlotte Girard et Jean-Luc Mélenchon. - LUDOVIC MARIN / AFP

Charlotte Girard et d'autres cadres de La France insoumise, tous sur la liste des candidats aux Européennes, ont signé une lettre déplorant le traitement réservé à François Cocq, que Jean-Luc Mélenchon a qualifié de "nationaliste" sur Twitter.

Dans un premier temps, François Cocq avait été écarté de la liste insoumise aux européennes. Et dans un second temps, le 5 janvier dernier, il s'était vu signifier son "bannissement" de La France insoumise par un simple tweet de Jean-Luc Mélenchon, le qualifiant par ailleurs de "nationaliste".

Cette sortie avait beaucoup fait parler parmi les observateurs. Elle a bien entendu également interpellé les militants. Une lettre interne, dévoilée ce mardi par le site internet du Monde, montre qu'elle a même poussé certains parmi les mieux introduits d'entre eux à réagir. 

Un débat relancé "inutilement" 

Dans cette lettre rédigée par Charlotte Girard, figure du mouvement et qui avait renoncé à diriger la liste aux européennes, et par Romain Dureau, Nicolas Guillet et Manon Le Bretton, tous présents, comme elle, sur la liste, les conditions de l'éviction de François Cocq sont en effet durement remises en cause. "L’épisode qui s’est ouvert pour La France insoumise samedi 5 janvier 2019 nous semble devoir être pris au sérieux, par ses conséquences et ses implications", peut-on d'abord lire. Revenant sur le tweet de Jean-Luc Mélenchon, la missive poursuit: 

"Outre le fait que cela a relancé inutilement un débat houleux concernant la constitution de notre liste et la ligne politique de La France insoumise, la méthode consistant à prononcer publiquement le “bannissement” d’un membre fondateur de La France insoumise, qui plus est orateur national et bénéficiant d’une large reconnaissance dans le mouvement, est non seulement préoccupante par sa brutalité, mais dangereuse pour ce qu’elle signifie politiquement: la possibilité de disposer unilatéralement du sort politique d’un camarade hors de tout cadre collectif."

Une demande d'organisation

Si les auteurs signalent que Manuel Bompard, coordinateur de la France insoumise les a rassurés sur le fait que François Cocq appartenait toujours au mouvement, ils s'étonnent qu'il n'y ait eu "ni démenti ni explication" après cette qualification de "nationaliste" "qui, dès lors, prend une tournure diffamatoire". 

Selon eux, cet épisode remet sur le devant de la scène la nécessité pour le mouvement de se doter de structures plus claires: "Il est évident que cet épisode pose à nouveau la question fondamentale de la structuration du mouvement qui, s’il doit demeurer distinct dans son principe d’un parti politique classique, ne doit pas se retourner contre les perspectives révolutionnaires qu’il s’est lui-même données."

Manuel Bompard leur répond 

Manuel Bompard leur a répondu sur ce dernier point, notant tout d'abord que "les orientations en réaction à l’actualité politique (étaient) élaborées au sein du groupe parlementaire qui se réunit chaque mardi en réunion de groupe".

Il a aussi rappelé: "Comme nous l’avons décidé lors de la dernière convention, une structure de coordination interespaces va être mise en place d’ici les élections européennes pour permettre une meilleure coordination". 
Robin Verner