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Corse: Macron s'oppose au statut de résident et à la co-officialité de la langue

Emmanuel Macron a donné un discours de fermeté à Bastia.

Emmanuel Macron a donné un discours de fermeté à Bastia. - Ludovic MARIN / AFP

A Bastia, le chef de l'Etat a adopté une posture de fermeté et rejeté la plupart des exigences formulées par les nationalistes corses.

Le décor a donné le ton, et le discours l'a confirmé. En déplacement de deux jours en Corse, Emmanuel Macron a pris la parole à Bastia ce mercredi après-midi pour répondre aux principales revendications de l'exécutif corse. Avec cinq drapeaux européens et français derrière lui et aucun drapeau corse à l'horizon, le président de la République a adopté une posture de fermeté, vantant l'action de l'Etat et évoquant longuement la place de la Corse au sein de la République. "Je suis venu ici pour tracer les contours de la spécificité de la Corse dans la République, sans faux semblants, sans ambiguïté", a-t-il déclaré.

Sans surprise, Emmanuel Macron a rejeté la plupart des exigences formulées par la coalition de Jean-Guy Talamoni et Gilles Simeoni élue triomphalement lors des élections territoriales. Dans ce discours de plus d'une heure, il a été question de fiscalité, de la langue corse et la révision constitutionnelle. Mardi, le président de la République avait déjà balayé d'un revers de la main une possible amnistie des prisonniers.

Autonomie fiscale corse: oui et non

Alors que les nationalistes réclament de leurs voeux un statut fiscal et social à part entière pour l'île, le président de la République a affirmé qu'il n'y avait pas de "finances magiques". Il a prévenu que "des formes de fiscalité locale" pourraient être développées, mais qu'elles s'accompagneraient de "baisses de dotations parallèles".

"Comment vouloir que la ressource fiscale soit affectée à un territoire et demander la solidarité nationale pour la dotation? Ca n'existe pas", a-t-il martelé.

A la demande des indépendantistes d'une refonte globale du système fiscal corse, le chef de l'Etat a répondu que de nouvelles taxes locales pourraient être mises en place mais que "plus il y aurait de fiscalité transférée, moins il y aurait de dotation" de l'Etat. 

Un statut de résident: non

C'est une mesure que l'Assemblée de Corse avait votée, mais à laquelle le gouvernement a opposé son veto. Les nationalistes souhaitent la création d'un "statut de résident" afin de lutter contre la spéculation immobilière et de réserver l'achat de biens fonciers ou immobiliers à ceux qui habitent effectivement sur l'île, depuis au moins 5 ans.

  • "Le statut de résident n'est pas la solution, il serait contraire à la Constitution", a estimé le président de la République, évoquant une "impasse juridique". 

Co-officialité de la langue corse: non

"Dans la République il y a une langue officielle, et c'est le français". Dans son discours, le président a loué le bilinguisme et la maîtrise de la langue corse par les insulaires, tout en s'opposant à la reconnaissance d'une deuxième langue officielle. 

"La langue corse doit être préservée et développée" et le "bilinguisme pleinement reconnu et accepté" mais "le bilinguisme, ce n'est pas la co-officialité", a-t-il prévenu.

  • Il a précisé que la maîtrise de la langue corse pouvait être reconnue comme une compétence pour prétendre à un métier, mais qu'en aucun cas un poste ne pourrait être réservé "à celui qui parle corse". 

Inscrire la spécificité corse dans la Constitution: oui

C'est la seule concession que le chef de l'Etat a accepté de faire. Avant de clôturer son discours, il s'est dit favorable à ce que la spécificité du statut de la Corse soit mentionnée dans la Constitution, ce qui était une des principales revendications des nationalistes.

"Je le prends comme une marque de confiance, comme l'expression d'un besoin légitime de reconnaissance et la volonté d'un ancrage fort dans la République", a déclaré le chef de l'Etat à propos de ce souhait.

  • Cette modification au texte, dont les contours précis doivent être décidés conjointement entre l'exécutif et les élus corses, sera apportée dans le cadre de la réforme constitutionnelle qui sera soumise au Parlement au printemps. Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni ont fait savoir qu'ils allaient se consulter avant de réagir officiellement et conjointement à ces déclarations.
Charlie Vandekerkhove