Comment la chute des ministres Modem s'est précipitée

Sylvie Goulard, François Bayrou et Marielle de Sarnez - JOËL SAGET / AFP
C'est l'effet domino: depuis les premières révélations sur des emplois présumés fictifs d'assistants parlementaires européens au Modem, les cas révélés par la presse tombent en cascade, et avec eux les ministres issus du parti centriste. Pourtant, hier matin, le Premier ministre Édouard Philippe assurait encore que François Bayrou avait toute sa place dans le gouvernement.
Le détonateur: la démission de Sylvie Goulard
Les choses se sont précipitées en fin de matinée: dans un premier temps, la démission de la ministre des Armées Sylvie Goulard a mis en porte-à-faux ses coreligionnaires du Modem sur le plan éthique. Comment le promoteur de la loi de moralisation de la vie publique, président du Modem, pouvait-il rester au gouvernement, une fois que Sylvie Goulard avait affirmé "souhaiter être en mesure de démonter librement [s]a bonne foi" en démissionnant ?
Selon Le Figaro, la ministre des Armées a informé le président de la République, il y a une dizaine de jours, du "problème moral" que lui posait sa présumée implication dans l'affaire, sans cesser de le relancer depuis. Emmanuel Macron, inquiet de l'effet ricochet de cette démission, lui assure qu'elle n'a "pas d'obligation de partir", mais la ministre a choisi.
Trois nouveaux cas d'emplois présumés fictifs
Dans un second temps, la publication d'une enquête de Libération, révélant l'existence de trois nouveaux cas litigieux et décrivant le "système" Bayrou, a porté l'estocade au garde des Sceaux et à la ministre des Affaires européennes. Ces nouveaux noms portent à onze la liste des employés du Modem, anciens ou actuels, qui ont bénéficié de contrats d'assistants de parlementaires européens pour des emplois potentiellement fictifs.
Un flou illustré par cet email daté de juin 2013, révélé par nos confrères de Libération, de l'ancienne assistante parlementaire de Marielle de Sarnez, Elisabeth de Fresquet:
"Lors de notre dernière conversation, tu m’as informée que ma mission était l’Europe en Ile-de-France. Pour être sincère et honnête, je ne pense pas être la plus compétente sur le sujet. En effet, je ne suis une spécialiste ni des institutions européennes, ni des grands dossiers européens. Lorsque nous avons déjeuné ensemble, fin février, j’avais compris - sans doute à tort - que tu souhaitais un coup de main pour la campagne à Paris."
"Vieille politique"
Un mélange des genres auquel s'intéresse aujourd'hui la Justice, et qui pourrait avoir relevé de la pratique courante au sein du parti centriste. Cependant, "il ne faut pas se figurer un système occulte d’ampleur monté par des experts", explique un cadre du Modem. "C’est une série de petits arrangements, des contrats courts, des temps partiels." De "mauvaises habitudes", en somme, qui appartiennent à ce que le président de la République appelle "la vieille politique", et à laquelle il souhaite mettre fin.