Christiane Taubira: la gauche ne doit pas "accompagner" la droitisation de la France

Christiane Taubira dit être "prête" à se battre. - Jewel Samad - AFP
Tout sourire, Christiane Taubira fait la une des Inrocks à paraître mercredi. "Je suis prête à me battre" lance l’ancienne garde des Sceaux de François Hollande. Dans une interview revenant sur sa démission et son livre Murmures à la jeunesse, elle appelle notamment à un réveil de la gauche. "Cela fait plus de 20 ans que j'entends dire que le pays se droitise. Mais la gauche est-elle obligée d'accompagner cette droitisation? Non. Sinon, on ne fait pas de politique", prévient Christiane Taubira.
"On ne peut pas laisser le champ libre"
"Personnellement, j'ai plutôt envie de batailler et d'expliquer pourquoi la gauche porte le projet possible pour l'avenir", explique celle qui a quitté le gouvernement fin janvier en raison de son désaccord sur la question de la déchéance de nationalité. "Certains m'ont dit qu'on ne crevait pas de ne pas être tout à fait d'accord. Rester en négligeant un désaccord majeur, je sais, moi, que j'en aurais crevé", confie Christiane Taubira.
"Qui vous a dit que j'allais me reposer? D'accord, j'ai beaucoup travaillé dans ma vie, j'aurais le droit de me reposer. Mais je suis tourmentée. (...) Je ne pensais pas qu'on se retrouverait aujourd'hui devant une telle urgence de combat. On ne peut laisser le champ libre. Donc, oui, je suis prête à me battre", assure l'ancienne candidate à l'élection présidentielle de 2002. "Je n'ai pas une conception messianique de la politique. Nous avons chacun nos responsabilités et nos obligations, mais je refuse de considérer que tout doit se cristalliser autour de moi", lance-t-elle cependant.
Christiane Taubira craint "le repli"
Christiane Taubira répond également indirectement à Manuel Valls qui a critiqué le week-end dernier depuis l'Allemagne la politique d'accueil des réfugiés conduite par Angela Merkel. "Aucun de nous ne peut être indifférent aux exodes. C'est une question existentielle. Mais la solution n'est pas à la seule portée de la chancelière allemande", explique Mme Taubira.
"Or, par la désertion des autres, Angela Merkel s'est retrouvée dans l'impasse. Elle a, d'une certaine façon, buté sur l'inexistence de l'idée européenne." "Aujourd'hui, nous sommes confrontés à des difficultés telles que les risques de fragmentation, de repli, d'affolement, d'aveuglement sont considérables", met-elle en garde.