Chez Les Républicains, les exclusions vont bientôt tomber

Édouard Philippe et Thierry Solère sont menacés d'exclusion par Les Républicains. - JACQUES DEMARTHON / AFP
Des têtes vont tomber: chez Les Républicains, l'heure de solder les comptes de la défaite a sonné. Déjà tiraillé entre La République en marche et le Front national, le parti de droite risque de se morceler encore un peu plus lors de son prochain bureau politique, prévu le 11 juillet. À l'ordre du jour: "procédures disciplinaires". En clair: faut-il exclure les membres des Républicains soutenant Emmanuel Macron, soit au sein du gouvernement, soit dans le groupe des "constructifs" à l'Assemblée nationale?
Dans le collimateur des Républicains "canal historique": le Premier ministre Édouard Philippe, Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics, Sébastien Lecornu, secrétaire d’Etat auprès de Nicolas Hulot depuis le 21 juin, le député Thierry Solère et son collègue Franck Riester, membres fondateurs du groupe parlementaire LR pro-Macron (Bruno Le Maire, pourtant investi par LREM pour les législatives, évacue quant à lui la question de son appartenance partisane, estimant être "d'abord ministre"). Dans un climat particulièrement tendu, l'OPA de Thierry Solère sur le poste de questeur de l'Assemblée nationale, au détriment d'Éric Ciotti, n'a rien fait pour apaiser les esprits.
"Payer l'addition"
Ce dernier n'a d'ailleurs pas tardé, sur notre antenne, à réclamer l'exclusion du député des Hauts-de-Seine, estimant qu'il était: "un professionnel de la trahison". Une sanction qu'il étendrait volontiers aux autres députés Les Républicains macronistes: "Ils n'avaient pas de candidats La République en marche en face d'eux aux législatives, rappelle l'élu des Alpes-Martimes il faut qu'ils paient l'addition aujourd'hui."
Le secrétaire général du parti, Bernard Accoyer, ne fait pas mystère de sa position: "Nous débattrons de leur exclusion au prochain bureau politique. Ils s'étaient déjà éloignés d'eux-mêmes par leur choix. Il conviendra probablement d'aller plus loin", explique-t-il à L'Opinion. Les membres du bureau politique pourraient donc prononcer des exclusions en bonne et due forme, alors que le parti avait louvoyé jusque-là, se bornant à considérer que les transfuges s'étaient "mis d'eux-mêmes en dehors du parti".
Éviter l'explosion
Il s'agit avant tout de désamorcer un éventuel départ de masse vers "Les Contructifs", hypothèse rendue crédible par les 75 abstentions sur 100 membres du groupe lors du vote de confiance du gouvernement d'Édouard Philippe.
"Un certain nombre de parlementaires commencent à se rendre compte qu’ils ont été les otages d’aventures personnelles. Ceux-là, il faut leur tendre la main parce qu’il y a encore pour eux un retour possible", explique donc le très droitier Laurent Wauquiez dans Les Échos.
Les exclusions devraient ainsi se borner aux "meneurs" constructifs, bien que cinq autres d'entre eux aient voter la confiance à l'ancien maire du Havre, et ce afin de limiter le choc d'une "purge" dans les rangs de la droite.
Refonder le "logiciel"
Aux yeux de notre éditorialiste Christophe Barbier, cette potion n'est pas la bonne pour Les Républicains:
"Exclure, c'est un réflexe stalinien: vous purgez le parti pour le rendre plus fort. Il ne faut pas exclure. (...) Intégrer seulement pour être plus puissant - modèle UMP -, ou exclure pour être plus pur, c'est les deux extrêmes de pratiques mortifères pour les partis politiques".
"Seules les idées feront redémarrer la droite", prévient Christophe Barbier. "Si elle commence par la bataille des hommes pour savoir qui est le prochain présidentiable, elle perdra dix ans." Cela tombe mal: le parti doit se choisir un nouveau chef à la fin de l'automne, et le duel Wauquiez-Pécresse s'annonce déjà tendu.