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"Ce n'est pas un politicard": pourquoi Louis Sarkozy est tenté par une candidature aux municipales 2026

Louis Sarkozy sur BFMTV le 7 mai 2025

Louis Sarkozy sur BFMTV le 7 mai 2025 - BFMTV

Le fils de l'ancien chef de l'État, qui a passé une partie de sa vie aux États-Unis, cultive des ambitions politiques pour les prochaines années. Dans le camp des Républicains, on regarde son arrivée avec bienveillance tout en se méfiant de certaines de ses propositions, jugées trop libérales comme sur la légalisation de tous les stupéfiants.

Un nouveau visage à droite. Depuis l'automne dernier, le fils de l'ex-chef de l'État est devenu omniprésent sur les plateaux de télévision après des années à vivre aux États-Unis. Au point que Louis Sarkozy pourrait descendre dans l'arène politique au printemps prochain pour les municipales à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), longtemps dirigé par son père, ou encore à Menton (Alpes-Maritimes).

"Je ne suis pas candidat pour l'instant mais ça ne veut pas dire que je n'y réfléchis pas", explique le jeune homme, désormais âgé de 27 ans, en reconnaissant que "gagner une élection, c'est très compliqué".

"Un talent extraordinaire"

Le fils de Nicolas Sarkozy et de Cécilia Attias, connu pour être apparu enfant dans plusieurs reportages de Paris Match et dans un clip de campagne de son père dans les années 2000, est bien décidé à se faire un prénom, aidé par la bienveillance de la droite.

"Il a un talent extraordinaire. Ce serait une très bonne nouvelle s'il s'engageait pour la France", juge ainsi la députée européenne Nadine Morano, longtemps ministre sous Nicolas Sarkozy.

Suivant de près la carrière de son fils qui a principalement été élevée par sa mère Cécila Attias aux États-Unis, l'ex-président a poussé Laurent Wauquiez, le président des députés Les Républicains (LR) à le recevoir.

Rachida Dati, longtemps très proche de l'ancien couple présidentiel, l'a également rencontré, tout comme le ministre des Armées Sébastien Lecornu et même Michel Barnier à Matignon en novembre dernier.

"C'est notre petite coqueluche à nous en ce moment. J'adore Retailleau mais un peu de jeunes, c'est pas mal non plus", s'esclaffe même un député LR, soulignant qu'au "moins plus de la moitié des adhérents dépassent les 65 ans".

"Les mimiques de son père" avec "un côté chiraquien"

De quoi permettre à Louis Sarkozy de récolter un succès d'estime à l'applaudimètre lors de son premier vrai évènement public lors de la soirée de Noël des Jeunes Républicains à l'hiver dernier. "On avait pensé cette rencontre avec lui comme une facon de se lancer en politique", reconnaît l'organisatrice Emmanuelle Brisson.

"Il parle vrai, ce n'est pas un politicard. Il a les mimiques de son père et en même temps il a un côté chiraquien. Il a fait un paquet de selfies pendant 2 heures à la sortie de son discours", salue celle qui est candidate pour la présidence des Jeunes LR.

Manifestement soucieux de se tailler une stature intellectuelle avant le grand bain de la politique, le jeune homme qui se présente comme éditorialiste sur LCI et chroniqueur dans les colonnes de Valeurs actuelles, vient de sortir un livre sur Napoléon Bonaparte.

"On lui pardonnera peut-être plus de choses qu'à d'autres"

Celui qui est diplômé d'une école militaire américaine se présente également comme un fin observateur de la politique outre-atlantique. Grand admirateur de Donald Trump, il s'est même fait invité à son investiture à la Maison-Blanche. Au risque de faire grincer quelques dents.

"Il a une valeur ajoutée à apporter à notre famille. Mais s'il veut représenter la droite, il ne faut pas que ses positions soient totalement différentes des nôtres", met en garde le député LR Antoine Vermorel-Marques alors que la droite française se méfie du président américain.

D'autres prises position de Louis Sarkozy déplaisent également à droite, que ce soit son appel à rendre possible la gestation pour autrui (GPA) ou la légalisation de tous les stupéfiants.

Quant à certains propos tenus dans Le Monde en février dernier, ils pourraient tomber sous le coup de la loi. Ce fan de musculation y appelait à "brûler l'ambassade d'Algérie" "s'il était aux manettes et que l'Algérie arrêtait Boualem Sansal".

"On lui pardonnera peut-être plus de choses qu'à d'autres", reconnaît cependant un sénateur LR.

"Ça aide d'avoir un tel père bien sûr. Ce serait mentir que de dire le contraire", confie d'ailleurs Louis Sarkozy.

"Pas envie" de Neuilly, Menton pourquoi pas?

Probablement mais pour l'instant, l'entrée dans la réalité de terrain n'a rien de facile. Neuilly-sur-Seine où Louis Sarkozy pourrait se présenter, le maire actuel Jean-Christophe Fromantin a été élu en 2016 et en 2020 dès le premier tour et compte bien se représenter.

"Je ne suis pas sûre qu'il ait envie de ça", tranche l'ancienne maire-adjointe de Levallois Isabelle Balkany, resté très proche de Nicolas Sarkozy.

Quant à Menton, la droite locale est très divisée et a toutes les chances de partir en ordre dispersé avec un Rassemblement national en embuscade. Autant dire un vrai panier de crabes pour le jeune homme qui n'a jamais mené de campagne.

Mais le ciel pourrait s'éclaircir: l'actuel maire de Menton a ouvert la porte à un possible accord avec lui sur BFMTV Nice Côte d'Azur ce mercredi matin à l'occasion d'une rencontre la semaine prochaine.

Vers un mandat de député?

Autre option sur la table: une candidature en cas d'éventuelles législatives anticipées ou après la présidentielle de 2027. "S'il veut porter un message national, il lui faudra bien un mandat de député", tranche un ex-ministre LR.

En 2019, Louis Sarkozy avait co-écrit un ouvrage avec sa mère Cécilia Attias. Elle y confiait trouver en son fils "tous les ingrédients qu'il faut pour un homme politique". "Quand je vois cette flamme, cette volonté de débattre, ce courage, ça me plaît. Ça me fait peur pour lui et ça me plaît", avait expliqué de son côté son père sur CNews à l'été 2023.

Marie-Pierre Bourgeois