Carburants : un "petit" coup de pouce fiscal

L'aide de 115 millions d'euros face à la hausse du prix du carburant ne pourra bénéficier qu'à 6,1 millions de Français. - -
Si vous prenez la route tous les jours pour travailler, la facture est plutôt salée. Face à la hausse du prix du pétrole, l'Etat va donc taxer les grands groupes pétroliers. Un coup de pouce pour les professionnels qui utilisent leur voiture au travail. Ces 115 millions d'euros financeront la revalorisation des indemnités kilométriques, dont bénéficient près de 6 millions de salariés, libéraux et artisans. Ces indemnités revalorisées de 4,6% concernent les frais professionnels, déductibles des impôts sur le revenu.
Cette mesure du gouvernement est annoncée en plein boom des prix du pétrole : + 75% depuis août dernier, et un baril à plus de 120 dollars ces derniers jours.
Concrètement, à qui profite cette aide?
Pour savoir qui pourra en profiter, il faut retirer près de la moitié des ménages français qui ne paient pas d'impôt sur le revenu. Il s’agit d’une mesure fiscal, il faut donc être imposable pour en profiter.
Il faut également retirer ceux qui ne déduisent rien de leur déclaration, puisqu'ils n'ont pas de frais professionnels, et ceux qui ne déclarent pas de frais réels, mais des frais forfaitaires et déduisent 10% de leur revenus. C'est le cas la majorité des salariés.
Selon le ministère de l’Economie, peuvent donc bénéficier de cette aide 500 000 professions libérales, 600 000 artisans et 5 millions de salariés.
19 euros par an et par personne...
Ils sont donc 6,1 millions à pouvoir faire valoir leur droit sur cette mesure exceptionnelle et ont 115 millions d’euros à se “partager”. Autant dire pas grand chose. Après un rapide calcul, on obtient une aide concrète de moins de 19 euros par an et par personne.
“On aurait préféré une baisse du prix à la pompe”
Bruno est kinésithérapeute libéral en Ardèche, une zone rurale. Il utilise sa voiture personnelle pour aller voir ses patients : “Ça devient quand même un sacré budget l’essence pour les professionnels de santé. C'était un budget de 400 euros jusqu'à la fin de l’année. Et là, d’un seul coup, en un mois et demi, ça a augmenté de 30%. Nous ce qu’on aurait préféré, c’est une baisse du prix à la pompe”.
"Une vraie ponction qui pénalisent les industriels"
Pour Jean-Louis Schilanski, président de l'Union Française des Industries Pétrolières, cette mesure est un vrai coût pour les industriels du pétrole : “Les prix du brut sont élevés, ça c’est vrai. Mais du côté du raffinage et de la distribution, c'est-à-dire de ceux qui transforment finalement, la situation n'est pas bonne. Et donc c’est une vraie ponction, sur le raffinage et la distribution. On a en France des distributeurs qui ne font que de la distribution, des raffineurs qui font que du raffinage et eux sont quand même pénalisés. C’est une mesure tout à fait importante qui viendra s’ajouter à leurs charges.”