"Ça va mieux", le nouvel axe de campagne de François Hollande

François Hollande au Musée de l'Homme au moment de l'émission "Dialogues citoyens" le 14 avril 2016. - STEPHANE DE SAKUTIN/ AFP
Lors de l’émission Dialogues citoyens, diffusée sur France 2 le 14 avril, le président François Hollande défendait son bilan politique et économique. Revenant sur son mandat, il lâchait alors: "Quand le président dit: 'ça va mieux', qu’il y a tant de difficultés, on se demande s’il voit bien, s’il écoute bien, s’il a bien pris conscience des réalités. Mais, oui, ça va mieux."
Au centre de la parole présidentielle
La séquence avait laissé perplexe. S’agissait-il d’une bévue du chef de l’Etat? Non, répond L’Opinion, qui souligne que la formule a été mûrement réfléchie et se trouve désormais au cœur de la communication d’un président soucieux de trouver un nouveau souffle auprès des Français.
Dès le lendemain de ce rendez-vous télévisé, François Hollande reprenait d’ailleurs son mantra dans une entreprise de l'Oise: "La France va mieux". Un des conseillers du Président, cité par L'Opinion, l’admet bien volontiers: "En préparant l’émission, on cherchait la bonne expression. Cette formule permet de mettre en perspective tout ce qui a été fait. Elle oblige à rouvrir le film du quinquennat et de ses réformes".
Un grand classique en Europe
Si la phrase, ainsi martelée, peut exposer son auteur à la critique en cas d’aggravement de la situation politique ou économique et sociale, elle est une ficelle bien connue de la communication des chefs d’Etat ou de gouvernement en Europe.
Préparant les élections générales de 2015, le Premier ministre britannique David Cameron assénait un impératif: "Let's finish the job" ("Terminons le boulot") à l’électorat. Difficile de savoir si la formule a emporté l’adhésion des foules mais force est de constater la réussite du "Prime minister" sortant lors de ce scrutin.
Mais cette "France qui va bien" aux allures de méthodes Coué semble plonger ses racines en Espagne. Depuis plusieurs années, Mariano Rajoy, qui dirige le gouvernement, le répète: "España va mejor" (soit "L’Espagne va mieux"). Il ne fait que s’inspirer ici de son ancien chef de file au sein du "Partido Popular" (le Parti populaire, principal parti de la droite espagnole), José Maria Aznar, qui déclarait en 1997: "España va bien". La formule n’avait pas fait consensus au sud des Pyrénées mais l’entêtement du Premier ministre à le dire avait suscité quelques moqueries, comme ici dans un extrait de la version espagnole des Guignols: