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Politique

Bercy veut placer l'organisation financière des JO 2024 sous haute surveillance

Tony Estanguet

Tony Estanguet - FABRICE COFFRINI / AFP

Le ministère du Budget s'inquiète d'éventuels dérapages financiers des organismes chargés d'organiser les Jeux olympiques de Paris en 2024.

Flamme olympique certes, mais pas question de flamber. Selon Le Canard enchaîné, le ministre de l'Action et des comptes publics Gérald Darmanin a placé sous haute surveillance l'organisation des Jeux olympiques Paris 2024, dont le budget prévu s'élève à 6,6 milliards d'euros. Le patron de Bercy a donc dépêché l'Inspection des finances afin de prévenir d'éventuels dérapages.

Le grand argentier de l'Etat a sorti l'artillerie lourde pour suivre le Comité d'organisation des Jeux olympiques (Cojo), chargé des installations non durables. Bercy demande ainsi qu'un contrôleur soit représenté au conseil d'administration, qu'un comité d'audit et d'éthique soit mis sur pied et qu'un "mécanisme renforcé d'information de l'Etat et des mesures de redressement en cas de dérive financière".

Salaires mirobolants 

Pourquoi tant de méfiance ? Dans une note au ministre que le Canard s'est procurée, la directrice du Budget Amélie Verdier s'alarme:

"Les salaires envisagés pour les personnels du Cojo posent d'ores et déjà problème."

La grille salariale, fixée par le groupement d'intérêt public Paris 2024 (GIP), prévoit une rémunération de 452 000 euros par an pour le futur président du Cojo, le triple champion olympique Tony Estanguet. Problème: le GIP était présidé par le même Tony Estanguet. En outre, la prime individuelle de succès "comprise entre 4.500 et 34.5000 euros net" perçue par une soixantaine de membres du GIP n'a pas enchanté Bercy. Une prime d'autant plus étonnante que la victoire semblait acquise d'avance pour la capitale française.

Conflit d'intérêt

Le contrôleur général de Bercy avait déjà fait part, en 2016, de son inquiétude concernant les marchés passés par la GIP avec la société Keneo, fondé par Etienne Thobois, ex-directeur général de Paris 2024 et futur directeur général du Cojo. La note du ministère conclut ainsi:

"La presse a pu faire écho, au cours des derniers mois, de conflits d'intérêts auxquels certains dirigeants du GIP Paris 2024 pouvaient s'exposer du fait de leurs activités professionnelles passées ou en cours. Le choix des dirigeants des futures entités doit donc, de l'avis de la Direction du budget, conduire à un très large renouvellement par rapport aux équipes du GIP ou, a minima, à l'édiction de règles déontologiques strictes préalables au recrutement."

Louis Nadau