Aubry: "Je ne sais pas comment parler aux Français aujourd’hui"

Martine Aubry - DOMINIQUE FAGET / AFP
Crépusculaire: lors d'un point presse mercredi au départ consacré au soutien des candidats socialistes aux législatives, Martine Aubry a finalement dressé un bilan très sombre de son action politique et de l'état de la gauche française.
"C’est ça ma tristesse absolue: j’ai 66 ans et j’ai l’impression que tout ce que j’ai fait dans ma vie est abîmé, cassé. Tout ce à quoi j’ai cru", confesse la maire de Lille.
"Je ne sais pas comment parler aux Français aujourd’hui. Mais regardez à qui vous avez affaire ! Nos candidats ne sont pas des gauchos ni des béni-oui-oui. Regardez qui se bat pour vous ! (...) Les petits nouveaux de chez Macron qu’on a choisi au pif ou parce que ce sont des copains, c’est mieux que les gens de gauche qui se sont battus depuis cinq ans ? Ça me rend malade. Mais on est responsable, nous politiques, de ça. Quand la lutte contre les déficits a remplacé le projet de société, la politique a reculé. On a cassé la politique…"
Droite dans ses bottes
Dans sa ville, Benoît Hamon qu’elle soutenait a obtenu 11% au premier tour de l'élection présidentielle, quand Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête avec près de 30% des voix. Pas de changement de logiciel pour autant: "J’ai compris la colère des électeurs de Jean-Luc Mélenchon, mais le vote utile et efficace, c’est le PS. Le candidat de Mélenchon ne gagnera jamais face à Macron soutenu par la droite", martèle la fille de Jacques Delors.
La nordiste renvoie dos-à-dos le leader de la France insoumise, "dans la politique du rêve et des annonces qui n’ont aucune chance de se réaliser", et le président de la République, qui veut selon elle "une assemblée de béni-oui-oui", pour faire appliquer "un programme de droite" et "casser 50 ans de progrès social". Un entre-deux qui a conduit Martine Aubry à soutenir les frondeurs pendant tout le quinquennat de François Hollande sans se mettre à leur tête, et mené Benoît Hamon à 6,36% au premier tour de l'élection présidentielle.