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Attentats de l'Aude: la réplique de Philippe aux critiques de l'opposition

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Le Premier ministre a répondu aux critiques de l'opposition, lors de la séance des questions au gouvernement, ce mardi après-midi à l'Assemblée nationale. Depuis les attentats de Trèbes vendredi, des voix réclament l'expulsion ou l'enfermement des fichés S, le rétablissement de l'Etat d'urgence, ou remettent en question l'efficacité des services de renseignement.

Ce mardi à l'Assemblée nationale, l'exécutif a apporté sa première réponse officielle aux critiques de l'opposition, cinq jours après les attentats de Trèbes, dans l'Aude. Le gouvernement et le président se voient accusés par une partie de la droite et de l'extrême droite de n'être pas assez fermes face au terrorisme. Marine Le Pen et Laurent Wauquiez ont parlé notamment de "coupable naïveté". Pêle-mêle, c'est la fin de l'état d'urgence qui est contestée, de même que la surveillance et le sort réservé aux fichés S, et l'efficacité des services de renseignement est remise en question.

Radouane Lakdim, l'auteur des attaques de Trèbes et Carcassonne, était fiché S pour radicalisation et surveillé par les renseignements, qui n'ont pas pu détecter "l'imminence d'un passage à l'acte", comme l'a rappelé lundi le procureur de la République de Paris.

"Il était nécessaire de sortir de l'état d'urgence"

"Je ne fais pas partie de ceux qui considèrent que la loi doit intervenir immédiatement après la survenance d'un attentat", a d'abord déclaré Edouard Philippe dans l'hémicycle, après les questions adressées au gouvernement par les présidents de chaque groupe parlementaire. 

Le Premier ministre a ensuite passé en revue les différentes critiques exprimées. Au sujet de l'état d'urgence, il a affirmé que l'exécutif avait "assumé d'y mettre fin".

"Car nous sommes confrontés à menace terroriste qui va durer de longues années, c’est avec des armes de droit commun qu’il nous faut la combattre", a-t-il poursuivi. "L'état d'urgence était nécessaire, et il était nécessaire d'en sortir".

"La fiche S n'est pas un élément de preuve"

Sur les fichés S ensuite, le chef du gouvernement a regretté une "méconnaissance profonde de nos outils de renseignement" chez ceux qui réclament leur enfermement ou leur expulsion.

"La fiche S est un outil de police, de vigilance, qui permet d'accumuler des renseignements sur une personne. Elle n'est pas en elle-même un élément de preuve. C'est méconnaître l'Etat de droit. On ne peut pas priver quelqu'un de sa liberté sur la base d'un soupçon".

Dimanche sur notre antenne, Manuel Valls, député apparenté La République en marche, a dit souhaiter une interdiction du salafisme, ce courant rigoriste minoritaire dans l'islam de France, auquel adhèrent un certain nombre de jihadistes. "On ne peut pas interdire une idée", a répondu Edouard Philippe, promettant que le gouvernement serait "sans faiblesse" et rappelant qu'il dissout des associations et ferme des lieux de culte où est prêchée l'apologie du terrorisme.

51 attentats déjoués depuis janvier 2015

Sur l'efficacité des services de renseignement, enfin, le Premier ministre a apporté une réponse ferme, rendant hommage au travail effectué par ces services.

"Ceux qui affirment que cet attentat aurait dû être évité, qui croient promettre aux Français un risque zéro, ceux-là prennent dans leur légèreté une bien lourde responsabilité".

"Depuis janvier 2015, 51 attentats ont été déjoués par le renseignement, 17 ont échoué, 11 ont abouti", a ajouté Edouard Philippe.

"La menace est protéiforme, réelle. Personne (au gouvernement ou à l'exécutif) ne l'a jamais mésestimée, cachée", a-t-il encore déclaré. 
Charlie Vandekerkhove