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Politique

Arnaud Montebourg rafle la mise

Les Coulisses de la Politique, de Jean-François Achilli, du lundi au vendredi à 7h20 sur RMC

Les Coulisses de la Politique, de Jean-François Achilli, du lundi au vendredi à 7h20 sur RMC - -

Matignon a arbitré, le site ArcelorMittal de Florange n’a pas été nationalisé, au grand dam du ministre du Redressement productif. Et pourtant, c’est bien Arnaud Montebourg qui rafle la mise.

Le ministre du Redressement productif, humilié par Jean-Marc Ayrault pendant la négociation catastrophe sur ArcelorMittal à Florange, fait depuis un tabac dans les sondages. Lui qui avait pris un coup sur la tête, a retrouvé le sourire, ont pu constater ses amis invités lundi soir à Bercy. Le dernier baromètre BVA le place même devant Manuel Valls chez les sympathisants de gauche, alors que la cote du couple Hollande-Ayrault dégringole dans toutes les enquêtes d’opinion. C’est donc cette embellie sondagière qui a motivé l’interview assez culottée, accordée au journal Le Monde daté de ce mercredi, et titrée « Je n’ai pas une mentalité de déserteur », interview dans laquelle Arnaud Montebourg solde quelques comptes, lui qui n’a pas démissionné et continue d’ouvrir sa gueule.

Pour lui, l’arme de la nationalisation temporaire, qui a été publiquement rejetée par le Premier ministre, reste la meilleure idée pour sauver nos usines ?

Cette idée de nationaliser qui plait tant aux Français, est « sur la table », et « durablement », affirme le ministre redressé. C’est même, dit-il, une solution d’avenir, utilisée par les pays les plus libéraux, pour aider nos entreprises confrontées aux multinationales. Il n’en démord pas…

C’est un camouflet pour Jean-Marc Ayrault… L’interview a énervé Matignon ?

Le déjeuner en tête-à-tête vendredi dernier entre les deux hommes avait officiellement aplani les conflits, mais la détestation mutuelle demeure. Matignon s’est refusé mardi à tout commentaire, signe d’un grand agacement. Un soutien de Jean-Marc Ayrault confie toutefois la chose suivante : « Arnaud qui a eu la pétoche de perdre son portefeuille pendant la décision sur Florange vient d’en remettre une couche pour acter qu’il a gagné la bataille de l’opinion ». Et ce proche du Premier ministre ajoute : « Montebourg est sorti renforcé de cette affaire. Du coup, le président le promène partout où il va, c’est sa caution ».

Parce-que François Hollande ne se déplace plus sans lui ?

C’était le cas lundi en Indre-et-Loire. Arnaud Montebourg est encore du voyage ce mercredi en Algérie. Le plus étonnant est que François Hollande, qui s’est confié au magazine Le Point, raconte que son ministre a utilisé l’arme de la nationalisation avec son accord, et que la pression sur Mittal aura été utile. En clair, ce que Montebourg considère comme un outil d’avenir n’est aux yeux du chef de l’Etat qu’un levier pour faire plier les patrons. C’est justement cet antagonisme qui a provoqué le bug Florange et engendré une crise gouvernementale aux effets dévastateurs.

Mais Arnaud Montebourg est incontournable pour l’Elysée…

Le chef de l’Etat a besoin de ce ministre qui incarne à lui seul les 13% de Mélenchon et plus encore à gauche. Arnaud Montebourg, qui fait de la confrontation avec le système financier « la mère de toutes batailles », reste aux yeux de François Hollande un animal nécessaire à garder près de soi, pour rassurer les mécontents dont le nombre ne cesse de croitre à gauche.

Ecoutez ici les Coulisses de la Politique de Jean-François Achilli de ce mercredi 19 décembre.

Jean-François Achilli