Arbitrage Tapie : « Une décision prise au sommet de l’Etat », pour Peyrelevade

Jean Peyrelevade affirme que déjà, en 1994, il recevait des coups de téléphone de l'Elysée et Matignon pour lui dire de laisser Bernard Tapie tranquille. - -
Invité sur RMC ce mercredi matin, l’ancien président du Crédit Lyonnais, en fonction entre 1993 et 2003, Jean Peyrelevade, affirme ne pas comprendre la décision de recourir à un arbitrage pour régler le différend entre Bernard Tapie et le Crédit Lyonnais. « Je pense que la décision a été prise au sommet de l’Etat, explique-t-il. Je n’ai pas de preuve, mais des indices concordants. La pression a été faite sur un certain nombre de ministres successifs, qui ont tous refusés. Il a fallu attendre l’élection de Nicolas Sarkozy ». D’ailleurs, pour Jean Peyrelevade, il s’agit d’une protection politique depuis le début. « Quand j’ai dit, en 1994, "monsieur Tapie, il faut rembourser vos dettes" – en dehors de celles d’Adidas, mais qui étaient déjà considérables, je recevais des coups de fil à la fois de l’Elysée et de Matignon, alors que c’était une cohabitation, pour me dire d’arrêter d’embêter monsieur Tapie. Il a été protégé par une partie de la gauche et une partie de la droite ».
« Il a été aidé parce qu'il était ministre »
Ce mercredi matin, et après 48 heures de garde à vue, Stéphane Richard, l’actuel patron d’Orange, a d’ailleurs été présenté devant les juges pour connaître son rôle dans cette décision alors qu’il était directeur de cabinet de la ministre de l’Economie Christine Lagarde. « La dernière défense va être de dire "peut-être que l’arbitrage n’est pas régulier, peut-être que le montant est exagéré, mais le Crédit Lyonnais a volé a volé Bernard Tapis" », pense Jean Peyrelevade, qui affirme pourtant que « cette thèse est fausse ! ». Le patron du Crédit Lyonnais rappelle les faits : « C’est le Crédit Lyonnais qui est venu au secours de monsieur Tapie. Fin 1992, monsieur Tapie a acheté Adidas depuis deux ans, son chiffre d’affaire n’a pas arrêté de reculer, il est au bord du dépôt de bilan. Les banques allemandes menacent de déposer le bilan, sauf si monsieur Tapie s’en va et qu’on fait une augmentation de capital. Mais Monsieur Tapie a donné à un concurrent une minorité de blocage. Le Crédit Lyonnais met donc 500 millions de francs sur la table pour faire partir cedtte personne, avant de remettre 500 millions pour sauver Adidas du dépôt de bilan. A ce moment, si les banquiers avaient été normaux, ils auraient dit à monsieur Tapie qu’il ne pouvait pas rembourser, donc ils auraient pris les titres d’Adidas. Mais ils ont monté cette gigantesque opération où le Crédit Lyonnais gardait tous les risques. On l’a aidé… Il était ministre », rappelle-t-il.