Après l'attaque à la mosquée de Bayonne, le Rassemblement national prend ses distances

La perquisition du domicile de Claude Sinké - GAIZKA IROZ / AFP
Quelques heures seulement après l'attaque contre la mosquée de Bayonne qui a fait deux blessés dont un grièvement, le profil de l'assaillant, un homme de 84 ans, s'est rapidement esquissé. Ancien militaire et retraité de l'Éducation nationale, Claude Sinké avait, ces dernières années, multiplié les sorties racistes et xénophobes et les invectives contre Emmanuel Macron, contre qui il projetait de porter plainte.
Inconnu des services de police, il avait également été candidat aux élections départementales dans les Landes en 2015 pour le Front national, l'ancêtre du Rassemblement national, élections lors desquelles il était arrivé en deuxième place. L'information a été confirmée à BFMTV par l'eurodéputé Jordan Bardella, qui a précisé que l'octogénaire faisait "partie des 8000 candidats que nous avions" lors du scrutin.
Condamnations unanimes
Cette ultime révélation met le parti de Marine Le Pen dans une situation inconfortable, à tel point que les différents cadres du Rassemblement national se relaient dans les médias pour tenter de distancier le parti du suspect.
"À l’issue du scrutin (de 2015, ndlr), ce dernier a été écarté de sa fédération départementale pour avoir tenu des propos jugés contraires à l’esprit et à la ligne politique du Rassemblement national. Il n’a, depuis, plus participé à la moindre action du mouvement et n’est plus adhérent", a encore souligné Jordan Bardella.
Lundi, en fin de journée, un communiqué officiel avait été publié, dans lequel, en plus de la condamnation de l'acte, il était déjà confirmé que l'homme avait "été écarté de sa fédération départementale pour avoir tenu des propos jugés contraires à l’esprit et à la ligne politique" du RN.
Dans un tweet publié quelques minutes plus tard, la leader du parti, Marine Le Pen, avait elle-même repris les mêmes termes, soulignant que cet "acte inqualifiable" était "contraire à toutes les valeurs portées par notre mouvement." Elle a également appelé à la "sévérité" pour ces "crimes."
Contre-attaque des cadres
Au-delà des condamnations, le Rassemblement national se montre, ce mardi matin, plus offensif. Sur BFMTV, le porte-parole du parti Sébastien Chenu a estimé qu'"il n'y a pas de raisons d’amalgamer les choses avec le Rassemblement national, c’est circonstanciel, ce monsieur avait pris ses distances et nous l’avion exclu il y a de longues années."
"C’est un peu la même chose que lorsque l’on dit qu’il ne faut pas amalgamer les musulmans avec les terroristes, moi je dis qu’il ne faut pas amalgamer un vieil homme de 84 ans, visiblement proche de la folie, qui a commis un acte que nous condamnons très fermement et qui était très éloigné de nous", a-t-il encore ajouté.
La veille, le député Nicolas Bay avait, sur France Info, tenté une analogie, estimant que "quand il y a quelques années, un adhérent des Verts (Richard Durn, ndlr) a décimé la moitié du Conseil municipal de Nanterre, il n'est venu à l’esprit de personnes de dire que c’était le parti EELV qui était responsable!"
Sur Twitter, Jean Messiha, membre du bureau national du RN, a lui-aussi demandé à ce que l'amalgame entre le tireur et le parti ne soit pas fait.
"Pourquoi à chaque attentat islamiste meurtrier évite-t-on mordicus de dire que leurs auteurs sont musulmans?", conclut-il.