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Affaire Abad: l'Élysée avait connaissance de la première plainte déposée contre lui

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Alors qu'Élisabeth Borne avait assuré ne "pas être au courant" des accusations visant le ministre, l'exécutif avait bien été informé de l'existence d'une plainte classée sans suite en 2017, d'après des informations de BFMTV.

Depuis la nomination vendredi dernier de Damien Abad au ministère des Solidarités, puis les révélations le lendemain de Mediapart dévoilant le témoignage de 2 femmes l'accusant de viol en 2010 et en 2011, la défense de l'exécutif a évolué. L'Élysée reconnait finalement avoir été au courant du dépôt d'une plainte pour des faits qui auraient eu lieu en 2010.

L'entourage d'Emmanuel Macron a ainsi expliqué à BFMTV avoir eu connaissance de la plainte classée sans suite en 2017, avant la nomination de Damien Abad au gouvernement. Il précise également ne pas avoir eu connaissance du détail de l'affaire et des faits qui lui étaient reprochés.

Dimanche, Élisabeth Borne a déclaré qu'elle "n'étai(t) pas au courant des signalements" faits par les victimes présumées, affirmant qu'elle avait "découvert l'article de Mediapart" samedi. Ce mardi soir, Matignon a martelé auprès de BFMTV: "La ministre n'avait pas connaissance des faits avant la nomination de M. Abad. Elle en a pris connaissance dans l'article de Mediapart samedi soir".

Une version déjà défendue par la cheffe du gouvernement ce dimanche.

"Bien évidemment que je n'étais pas au courant. Je peux vous assurer que s'il y a de nouveaux éléments, si la justice est à nouveau saisie, on tirera toutes les conséquences de cette décision", avançait alors la locataire de Matignon.

Une défense qui ne convainc pas Marine Turchi, journaliste de Mediapart à l'origine des révélations. "Ils ne peuvent pas dire, dimanche matin, qu'ils découvrent les choses avec l'article de Mediapart, c'est complètement faux", a-t-elle expliqué à franceinfo.

L'autre accusation révélée par Mediapart pas connue

Les entourages du chef de l'État et de la locataire de Matignon affirment également ne pas avoir eu connaissance du signalement de la seconde femme qui accuse elle aussi Damien Abad de viol, avant la publication de son témoignage samedi dans Mediapart.

"L''établissement de la vérité, c'est à la justice de le faire (...) Elle est la seule à pouvoir ou devoir trancher", a assuré de son côté Olivia Grégoire, la nouvelle porte-parole du gouvernement ce lundi à l'issue du premier conseil des ministres du nouveau gouvernement.

Fiona Texeire, la cofondatrice de l’Observatoire des violences sexuelles et sexistes en politique, qui a averti par mail les cadres de la majorité présidentielle et des LR du comportement supposé de Damien Abad, n'est pas convaincue.

La défense de Damien Abad

"On appelle à la libération de la parole mais maintenant il faut appeler à la libération de l’écoute. On parle de viols, de crimes. C'est très grave", a jugé la jeune femme lors d'une manifestation à Paris ce mardi après-midi qui appelait à la démission du ministre au micro de BFMTV.

De son côté, Damien Abad s'est défendu. "Un homme innocent doit-il démissionner? Je ne crois pas", a martelé l'ex-chef des députés LR sur BFMTV ce lundi, après s'être déjà défendu dans les colonnes du Progrès en contestant "les accusations à (son) encontre après la plus grande fermeté".

Mathieu Coache et Marie-Pierre Bourgeois